Premium Beauty News - Thépenier Pharma & Cosmetics appartient depuis l’an 2000 au groupe japonais Nippon Shikizai.

Bertrand Lasserre - C’est exact, mais notre activité est assez différente de celle de notre maison mère. Au Japon, le business de Nippon Shikizai est principalement centré sur le maquillage, alors que nous formulons principalement du soin, des produits d’hygiène et des produits de maquillage à base d’eau (en particulier du mascara et de l’eyeliner). Thépenier Pharma & Cosmetics est spécialisé dans les formules cosmétiques et d’hygiène liquides et émulsionnées. Hors segment pharma, nous sommes plus particulièrement présents sur les marchés de l’oral care, de la clean beauty et de la natural beauty.

Nous travaillons toutefois en pleine synergie avec Nippon Shikizai et Nippon Shikizai France (ex Orléans Cosmetics), acquis par TP&C en 2017, et dont l’activité est beaucoup plus proche de celle de la maison mère, avec une production à 90% centrée sur le maquillage anhydre, notamment des poudres, des coulés à chaud et des dérivés parfumés. Nos équipes commerciales sont communes et nous pouvons ainsi offrir un éventail quasi-complet de produits cosmétiques à nos clients. À ce jour, le crayon est la seule catégorie que nous ne couvrons pas.

Premium Beauty News - La culture de la sous-traitance est toutefois moins développée en soin qu’en maquillage.

Bertrand Lasserre - Les choses changent très vite à ce niveau, notamment avec l’émergence de nouvelles marques, souvent des concepts marketing sans intention de se doter d’un outil industriel, très innovantes en quête de solutions clefs en main très pointues. Mais aussi avec les besoins accrus de réactivité des grandes marques, qui les conduisent à davantage solliciter les sous-traitants pour réduire le temps de développement et le time-to-market. De fait, Thépenier Pharma & Cosmetics travaille aussi bien avec des petites marques émergentes qu’avec de grands acteurs du marché mondial. Nous réalisons 30% de notre chiffre d’affaires avec des clients français et 70% à l’export, principalement en Europe et aux États-Unis (40%).

Historiquement, nous sommes un acteur reconnu de la sous-traitance de l’hygiène bucco-dentaire et nous restons un gros producteur d’OTC dans cette catégorie. Mais nous nous développons très fortement en cosmétique, segment sur lequel nous sommes présents depuis plus de 30 ans. De ce point de vue, le fait de produire dans des conditions GMP – de niveau pharmaceutique – est devenu un véritable élément différenciant et à certains égards un avantage concurrentiel, notamment pour tous les segments du soin qui relèvent de la clean beauty ou de la tendance technological healthcare, en forts développement depuis la survenance de la crise du COVID-19, car répondant à un besoin de performance accru de la part des consommateurs. De fait, nous adressons le segment haut de gamme de produits cosmétiques. Notre stratégie est d’apporter de la valeur ajoutée à la sous-traitance soin et d’offrir des garanties qualité que beaucoup de nos concurrents ne peuvent pas proposer. Je suis, de ce point de vue, convaincu qu’une offre standard ne permettra pas, à terme, à un sous-traitant de rester sur le marché.

Premium Beauty News - Concrètement comment cela se traduit-il ?

Bertrand Lasserre - Nous proposons des squelettes de formules, aussi bien que des solutions clefs en mains dans le cadre d’une offre full service en partenariat avec des leaders du packaging. En fonction des projets des clients, nous créons la formule, nous la produisons et nous proposons un pack adapté, si possible recyclé ou recyclable, en ligne avec les attentes de la marque et l’ADN de notre offre de produits/services. Nous effectuons également le remplissage et disposons de solutions internes de contrôle qualité. Finalement, nous livrons de moins en moins de vrac. Dans la même logique, nous avons développé notre offre réglementaire, en partie avec des partenaires extérieurs. Nous intégrons aussi les argumentaires consommateurs avant le lancement pour aider la marque à répondre aux questions qui sont maintenant systématiques et de plus en plus pointues, notamment sur les réseaux sociaux.

Premium Beauty News - Quels sont vos grands axes d’innovation ?

Virginie Barville - Dès le départ nous nous efforçons de partir de matières premières responsables et sourcées prioritairement en France ou en Europe. Bien entendu, nous respectons strictement les cahiers des charges de nos clients, mais nous cherchons systématiquement à minimiser le nombre d’ingrédients dans les formules, avec des actifs multifonctionnels, sans se focaliser sur des ingrédients purement sensoriels, et à limiter les conservateurs potentiellement irritants.

Pour répondre aux attentes de nos clients nous devons aussi réduire les délais de mise sur le marché. Pour cela, nous sommes susceptibles de breveter certains de nos cocktails d’actifs et des squelettes de formules. Nous pouvons ainsi proposer des bases dont nous allons ensuite personnaliser les actifs, les parfums… Nous disposons d’une gamme ultra large de squelettes et nous pouvons ainsi réduire les délais de développement à 6 mois, voire moins si la marque l’exige, mais nous ne le recommandons pas.

Premium Beauty News - Pouvez-vous citer quelques exemples d’innovations récentes ?

Virginie Barville - En phase avec les tendances actuelles, nous avons par exemple développé une crème One-For-All qui peut être utilisée pour le soin de la peau, du visage, et même des cheveux. Nous avons également mis au point un sérum blanchissant pour les dents, naturel à 96%. C’est une gestuelle vraiment nouvelle : on dépose le sérum sur la brosse, on peut l’utiliser avec le dentifrice ou tel quel en cure. Je peux aussi mentionner notre Sérum Scalp, à appliquer le soir pour réguler le microbiote du cuir chevelu couplé à un actif anti-cheveux gris, afin d’obtenir une action globale pour la santé du cheveux. Nous avons, enfin, développé un mascara naturel dont la technicité est parmi les plus abouties du marché.

Véritable soin des cils, ce mascara est enrichi d’un extrait de plante issu de la médecine traditionnelle chinoise, qui accélère la croissance et la vitalité des cils.

Premium Beauty News - Comment avez-vous traversé l’année 2020 ?

Bertrand Lasserre - De manière relativement satisfaisante. L’entreprise connaît depuis 2015 une croissance à deux chiffres. Cette dynamique a bien sûr été affectée par la crise sanitaire., TP&C devrait clôturer l’année 2020 en croissance de 2,5 à 3%. De son côté, Nippon Shikizai France a maintenu une forte dynamique et la croissance consolidée de nos deux entités européennes devrait s’établir autour de 8% en 2020, contre 23% initialement prévus.

Premium Beauty News - Quelles perspectives pour l’avenir ?

Bertrand Lasserre - Les perspectives pour l’année 2021 sont encore relativement incertaines mais nous sommes convaincus que la vie reprendra son cours en 2022. Nous envisagions d’ouvrir un bureau commercial en Chine, la pandémie a retardé le projet mais cela reste un objectif pour 2022 au plus tard. Nous accélérons aussi nos projets RSE, en nous engageant à obtenir la certification ISO 14001 d’ici juillet 2021 et sommes à l’écoute d’opportunités de croissance externe.