Dix-sept associations nationales du secteur de la beauté et quinze organisations professionnelles ont participé au premier Opeanstreams Global Beauty Industry Summit, organisé par la Fondation Openstreams, une organisation à but non lucratif dédiée à l’éducation et à la collaboration dans le secteur de la beauté au niveau mondial et créée par la plateforme de tendances beauté Beautystreams. Initialement prévu au siège des Nations Unies à New York, l’événement comprenait une série d’interviews vidéo et une séance de questions-réponses en direct.

« Comprendre des défis actuels du secteur, nous permet de mieux identifier les sujets clés sur lesquels nous concentrer au niveau mondial. Nous espérons qu’en partageant ouvertement idées, perspectives et priorités, nous pourrons créer un mouvement continu en faveur d’un changement positif et d’une plus grande collaboration  », explique Lan Vu, fondatrice et PDG de Beautystreams et de la Fondation Openstreams.

L’avenir du commerce de détail a été l’un des premiers sujets à émerger des discussions. La pandémie a porté un coup dur aux boutiques physiques cette année, les consommateurs réduisant leurs dépenses dans toutes les catégories de produits et exprimant une préférence marquée pour les achats en ligne. Pour Kunto Widarto, secrétaire général du syndicat indonésien des fabricants de cosmétiques PERKOSMI, et cadre au sein du groupe Martha Tilaar, « la pandémie a fondamentalement tout changé, avec une diminution significative des dépenses et de la consommation globales du marché, en particulier pour le maquillage ».

Les participants ont débattu de la possibilité de substituter l’interaction en magasin par des rendez-vous virtuels personnalisés, ainsi que du développement, par les marques, de contenu expérientiel diffusé en direct, ainsi que de la nécessité de rassurer les acheteurs en renforçant les mesures de sécurité dans les magasins.

Profondément impactés par la pandémie, les salons professionnels s’efforcent aussi d’offrir des solutions digitales. Pour Enrico Zannini, directeur du salon Cosmoprof Bologna, « il est important de réinventer notre activité, afin de mieux accompagner le redémarrage mondial de l’industrie. Les outils numériques et les nouvelles technologies peuvent être utiles pour améliorer l’expérience des opérateurs et des exposants ».

De nombreux participants se sont interrogés sur l’avenir des événements en présentiel à un moment où une grande partie du monde est masquée et travaille à distance, tout en reconnaissant que les salons offrent des avantages tangibles. « Nous avons récemment mené une enquête auprès de plus de 4000 professionnels au sujet de l’impact de la Covid-19 sur l’industrie des salons. Plus des deux tiers des personnes interrogées ont déclaré que dans le monde d’après la pandémie, l’interaction en face à face qui ne peut avoir lieu que lors d’événements physiques sera tout aussi importante, voire plus importante, qu’avant la Covid-19 », a souligné Elaine O ’Connell, directrice du salon Beautyworld Middle East.

Les participants ont également souligné l’urgence entourant la durabilité des pratiques industrielles, sous le feu d’un activisme environnemental en augmentation dans le monde entier - une tendance que la pandémie a encore accentuée. Les consommateurs favorisent les entreprises dont le modèle met en avant « une mission plutôt que le profit », tandis que les entreprises s’efforcent de réduire l’excès d’emballage, d’éviter les ingrédients contraires non éthiques et de surmonter la vieille idée selon laquelle les produits respectueux de l’environnement sont nécessairement plus chers.

« Investir dans le développement durable, dans le contexte dans lequel nous vivons, peut profiter à l’entreprise aussi bien en termes de chiffre d’affaires que de réputation », a déclaré Renato Ancorotti, président de Cosmetica Italia.

Carlotta Jacobson, présidente de CEW aux États-Unis, a pointé l’évolution de la tendance clean beauty vers un besoin de sécurité des produits : « Lorsque vous traversez une pandémie, vous accordez naturellement de l’importance à ce qui est sûr ». Elle a également souligné la nécessité d’une communication claire, « il y a beaucoup de désinformation et beaucoup de femmes sont très embrouillées à ce sujet ».

Christophe Masson, Président de la Cosmetic Valley en France, a fait état d’une prise de conscience naissante parmi les consommateurs de la relation entre la cosmétique et la biodiversité, un point sur lequel l’industrie pourrait communiquer, suggère-t-il. Patrick O’Quin, président de la FEBEA, est du même avis. « La crise montre que nous devons penser différemment. Et penser différemment signifie certainement avoir une vision plus large de la durabilité et de la biodiversité », qui a souvent retenu moins d’attention que le développement d’une économie circulaire ou la réduction de l’empreinte carbone de l’humanité.

La façon dont les entreprises ont changé leur politique de présence bureau, en permettant aux employés de travailler de chez eux de manière temporaire ou permanente, a également eu un impact indirect sur la durabilité. « Nous avons vu, par exemple, que la simple obligation de rester chez soi, adoptée dans le monde entier, a abouti à une meilleure qualité de l’air dans de nombreuses villes. Cela nous rappelle que la transition vers une économie à faibles émissions de carbone pourrait avoir de nombreux avantages en matière de santé publique, notamment en vue d’un air plus pur », a observé Francine Lamoriello, EVP Global Strategies pour le Personal Care Products Council (PCPC) aux États-Unis.

Enfin, à propos de la crise liée à la pandémie de Covid-19, Matteo Moretti, président du Polo della Cosmesi en Italie, s’est montré optimiste : « Je crois qu’à chaque période difficile, correspondent aussi des opportunités uniques ».

Le succès du premier Openstreams Global Beauty Summit a conduit les organisateurs envisager un deuxième événement en 2021. « Il est rapidement devenu évident qu’il y a beaucoup de désir pour ce type de dialogue au sein de l’industrie », a déclaré Lan Vu.

Le 25 novembre, la Fondation Openstreams publiera l’Openstreams Global Beauty Industry Summit Official Report 2020, qui compilera les informations clés issues de la première édition du sommet, ainsi que les résultats d’une enquête exclusive auprès de professionnels de toute la chaîne d’approvisionnement de la beauté.

Ce rapport sera mis gratuitement à disposition de tous les professionnels de l’industrie de la beauté dans le monde.