Les chiffres font saliver d’autres industries moins florissantes. Avec 250.000 emplois pour 3.200 entreprises, PME ou leaders mondiaux, la France possède des marques connues dans le monde entier et est le premier exportateur mondial de cosmétiques. Selon les années, l’industrie de la beauté est le 2e ou le 3e contributeur à la balance commerciale du pays et réalise 60% de son chiffre d’affaires (31 milliards d’euros en 2017) à l’exportation. Les ventes à l’étranger ont même connu une progression annuelle moyenne de 5% entre 2010 et 2018, selon une étude du cabinet Asteres réalisée récemment pour la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA).

Le salon de l’innovation Cosmetic 360 s’ouvre sous de bons auspices mercredi à Paris (Photo : © Courtesy of Cosmetic 360)

« C’est un ‘soft power’. Avec certaines marques de couture de luxe et le vin, globalement il s’agit des secteurs qui rayonnent le plus et construisent le plus l’image de la marque France dans le monde. Et c’est aussi cela qui va faire venir des touristes », explique à l’AFP Charles-Antoine Schwerer, directeur des études au sein du cabinet Asteres. Selon son étude, l’image de marque de la France permet d’ailleurs d’augmenter en moyenne la valeur d’un produit cosmétique d’environ 30%, par rapport à un produit équivalent d’un autre pays.

« La cosmétique française reste la référence sur le marché. C’est l’un des rares secteurs où la plupart des entreprises, y compris celles de petite taille, sont mondialisées, où l’on continue d’avoir des créations d’entreprises, avec très peu de disparitions totales », souligne de son côté Patrick O’Quin, le président de la FEBEA.

Avec un marché asiatique en pleine croissance et très demandeur de cosmétiques français, l’horizon semble dégagé, mais quelques nuages pourraient légèrement assombrir ce ciel bleu. Au premier plan desquels les inquiétudes récurrentes des consommateurs concernant la sécurité des produits, notamment à l’éventuelle présence de perturbateurs endocriniens ou de nanoparticules.

Forte concurrence

« On constate une vraie défiance du grand public par rapport à l’industrie, et cela atteint aussi l’industrie cosmétique. Mais il faut rappeler que la France est le pays le plus exigeant en termes de réglementation et de sécurité du produit », commente Christophe Masson, directeur général du pôle de compétitivité Cosmetic Valley, qui organise le salon de l’innovation Cosmetic 360.

En réponse à ces inquiétudes, les géants du secteur de la beauté s’efforcent donc de prendre en marche le train de la naturalité en lançant de nouvelles gammes plus vertes. L’Oréal, par exemple, a lancé une offensive sur les cosmétiques bio en Europe de l’Ouest, l’un des rares segments à résister à l’atonie des ventes dans la région.

Mais pour Christophe Masson, la principale menace à l’horizon est plutôt la compétition de grands acteurs comme la Corée et le Japon, sous l’effet de politiques publiques ambitieuses. « Les pays compétiteurs sont intelligents et ont su définir la filière cosmétique comme une filière stratégique et ils ont mis derrière tous les moyens », explique-t-il. Dans ce contexte, poursuit-il, « il est important que l’on permette à nos entreprises de travailler ensemble, de faciliter les liens entre le monde académique et le monde industriel pour faire en sorte que les nouvelles technologies continuent de venir de France  ».

Recherche & développement

Pour stimuler la croissance, le secteur multiplie les innovations, notamment en surfant sur la "beauty tech". Chaque année, 650 millions d’euros sont dépensés en recherche et développement par les entreprises françaises du secteur.

Grâce à un écosystème mêlant recherche, formation et industrie, la France reste très attractive pour les entreprises du secteur. Le japonais Shiseido, par exemple, a choisi la France pour son centre mondial de parfum et que le groupe américain Coty a installé le siège de sa division luxe à Paris.

« Tout va bien, mais il ne faut pas s’endormir sur nos lauriers », juge Christophe Masson, de Cosmetic Valley.