La fermeture des magasins « non essentiels » sur fond d’épidémie n’a pas eu les effets escomptés sur les ventes en ligne, en baisse pour les trois quarts des sites, même si ceux permettant de se nourrir, de communiquer et de se distraire s’en sortent.

Ventes en baisse et difficultés logistiques

Selon une étude réalisée du 23 au 25 mars auprès de 136 sites sur les 800 adhérents de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), si 94% d’entre eux sont toujours ouverts, plus d’un tiers a dû réduire son activité. L’étude précise que « 76% des sites ont enregistré un recul des ventes depuis le 15 mars et, pour la moitié d’entre eux, ce recul est de plus de 50% », sachant qu’en 2019, le commerce en ligne en France a dépassé les 103 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Selon la Fevad, près de 40% des entreprises interrogées estiment qu’elles ne pourront pas résister à « une situation de confinement de plus de trois mois », et 20% préfèrent ne pas se prononcer.

La fermeture des magasins « non essentiels » sur fond d’épidémie n’a pas eu les effets escomptés sur les ventes en ligne (Photo : © Philippe Lopez / AFP)

À l’instar de la grande majorité des entreprises françaises, les commerçants en ligne ont par ailleurs profondément adapté leur organisation : 82% pratiquent le télétravail, 66% ont recours au chômage partiel et 22% ont fermé certains sites. L’épidémie pose également des problèmes de logistique, tels que l’approvisionnement pour 40% des sites, et la livraison : 85% des sites notent un allongement des délais et 29% d’entre eux ont enregistré des annulations de commandes.

Hausse des livraisons alimentaires

Mais la crise sanitaire fait aussi des heureux, note la Fevad qui observe que 18% des sites marchands ont vu leur chiffre d’affaires augmenter. Les plus fortes hausses sont enregistrées dans l’alimentaire, la téléphonie-informatique et les produits culturels et éducatifs.

Selon le cabinet Nielsen, dans la semaine du 16 au 22 mars, les Français se sont rués sur tous les créneaux de livraison à domicile ou de "drive" disponibles, si bien que les ventes dans le e-commerce alimentaire atteignent un niveau historique, avec « près de 250 millions d’euros (de chiffre d’affaires, NDLR) cette semaine », une tendance identique à celle d’autres pays européens.

Cette trajectoire pourrait perdurer une fois le confinement terminé selon Nielsen, notamment via « la livraison à domicile qui ne touchait alors qu’une faible part des foyers en comparaison au drive ». En effet, « la croissance de la livraison à domicile réalisée par les distributeurs généralistes atteint 45% sur le premier trimestre 2020, contre 24% en 2019 ».

Jeux de société

Autre secteur favorisé en ce moment : les jouets. Selon le cabinet NPD, lors de la première semaine de confinement en France, concomitante à la fermeture des écoles, « pour la première fois, la liste des 10 jouets les plus vendus comporte 10 jeux de société et puzzles avec le Monopoly, La Bonne Paye et le Scrabble en tête ».

« Comparées à la même semaine en 2019, les ventes de puzzles affichent une croissance de 122% tandis que les jeux de société enregistrent une hausse des ventes de 83% », précise NPD, des produits que l’experte du secteur Frédérique Tutt qualifie de « valeurs sûres pour toute la famille » en cette « période incertaine ».

En Europe, où l’épidémie sévit depuis plus d’un mois désormais, une autre étude, à laquelle a participé la Fevad, révèle que sur 13 pays, dont neuf ont fermé leurs commerces physiques « non essentiels » comme en France, seuls trois (Autriche, Belgique et Espagne) constatent un « impact globalement positif » du confinement sur les ventes en ligne de produits non alimentaires.

Pour Olivier Lamare, vice-président chargé de la distribution en Europe chez Nielsen, même si le commerce en ligne fait de plus en plus d’adeptes actuellement, « du fait des ruptures et de la difficulté d’obtenir un créneau de réservation, (...) certains consommateurs pourraient ne pas vouloir retenter l’expérience ».