Un sondage OpinionWay pour la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA) [1] révèle que près de trois Français sur quatre (73%) pensent que l’on teste toujours certains produits cosmétiques sur les animaux en France. Parmi les personnes interrogées, 11% croient même savoir que tous les produits sont systématiquement testés sur des animaux avant d’être mis sur le marché. Une conviction encore plus répandue chez les jeunes (25-34 ans), qui sont 82% à penser que les produits cosmétiques sont testés sur des animaux.

Françoise Audebert, conseillère scientifique et réglementaire à la FEBEA

Interdits depuis 2004, et pourtant…

Comment expliquer de tels résultats alors que, rappelle la FEBEA, les tests sur les animaux sont depuis longtemps formellement interdits dans l’Union européenne ? Dès 2004, la législation européenne a proscrit les tests de produits cosmétiques sur les animaux, et depuis 2013, la loi interdit également d’utiliser des animaux pour évaluer les ingrédients cosmétiques. Mieux, pour éviter un contournement de la loi et une délocalisation des tests, la législation interdit également d’utiliser des résultats de tests pratiqués sur des animaux, même si ces tests ont été réalisés en dehors de l’Union européenne.

Selon le syndicat professionnel, la persistance de ces idées reçues s’explique par le fait que des tests continuent à être pratiqués dans plusieurs pays hors Union Européenne, notamment par les autorités de contrôle.

« Ces pratiques suscitent, à raison, de nombreux débats qui parviennent en Europe, alors même que l’interdiction y est déjà en vigueur », explique Françoise Audebert, conseillère scientifique et réglementaire à la FEBEA.

Heureusement, ces situations tendent à disparaître. De ce point de vue, l’évolution de la réglementation en Chine, qui exempte maintenant une grande partie des produits de tels tests, est un véritable soulagement.

Revendications trompeuses

Mais la FEBEA pointe une autre cause de cette confusion : la persistance de la mention « non testé sur les animaux » sur les produits cosmétiques commercialisés en Europe. Or, ce type de revendication laisse faussement penser que les produits qui n’affichent pas cette mention pratiqueraient ces tests.

« Cela crée de la confusion chez les consommateurs. Ces allégations ne sont d’ailleurs pas autorisées par les autorités de contrôle françaises et européennes, puisqu’un produit ne peut se prévaloir de respecter la réglementation en vigueur. Les seules allégations qui sont parfois tolérées par la DGCCRF, sous certaines conditions, sont celles qui répondent à un cahier des charges spécifique : c’est le cas de certains labels qui attestent d’engagements supplémentaires de la marque en faveur de la cause animale », indique Françoise Audebert.

Campagne en ligne

Pour clarifier et mieux expliquer ce sujet la FEBEA a débuté une communication sur les réseaux sociaux, notamment sur son compte Instagram @LeLabdeClaire.

La Fédération tient également à rappeler que, même s’ils ne pratiquent plus de tests sur les animaux, les fabricants de cosmétiques continuent à s’assurer de l’innocuité de leurs produits !

« Un investissement massif tant scientifique, que financier et humain a été déployé par les entreprises cosmétiques, bien avant l’interdiction européenne, pour développer des méthodes de substitution », rappelle Françoise Audebert. « Le secteur continue à y travailler et contribue à de nombreuses initiatives scientifiques : notamment, la culture de cellules de peau, qui permet de reconstituer des tissus humains. Ou encore, des tests in vitro qui permettent d’étudier les propriétés irritantes de nouvelles substances ; mais aussi des tests in silico qui permettent par exemple de modéliser informatiquement l’évolution de la molécule dans l’organisme. Ces méthodes apportent de réelles avancées scientifiques, au-delà du monde de la cosmétique : elles sont également utilisées par la médecine ou par d’autres secteurs ».