Les signataires de la lettre [1], qui se définissent comme déjà libérés des microplastiques, affirment que le projet de législation ne va « ni assez loin ni assez vite », en grande partie du fait de périodes de transition « particulièrement longues ».

Selon la proposition actuelle, les périodes de transition varieraient de quatre ans pour les produits rincés jusqu’à 12 ans pour certains produits de maquillage. Les parfums encapsulés bénéficieraient d’un délai de cinq à huit ans, et les produits cosmétiques sans rinçage auraient six ans pour s’adapter.

« Inutilement indulgent »

Les principaux arguments à l’appui de ces périodes de transition sont le manque d’alternatives, le coût de la reformulation et l’impact potentiel sur les performances des produit. Autant d’explications que les signataires de la lettre ouverte estiment infondées.

« Les périodes de transition exceptionnellement longues du projet actuel, notamment 12 ans pour les produits de maquillage, restent en contradiction avec les principes énoncés dans les initiatives en cours de la Commission européenne et n’ont donc aucune justification », déclarent-ils.

Selon eux, la législation telle qu’elle est proposée actuellement est trop flexible et inutilement indulgente puisque des alternatives existent déjà.

« Il est clair qu’une partie de l’industrie ne veut pas changer », affirme Sjoerd Trompetter, co-fondateur de Naïf, une marque néerlandaise de cosmétiques. « Nous fabriquons des produits sans microplastique depuis dix ans. Avec des alternatives performantes et sans plaintes des clients. Ce n’est donc pas si difficile ! », ajoute-t-il.

7 kg de plastique toutes les minutes

Il y a pourtant urgence à agir, selon ce groupe de marques.

Weleda mentionne des études récentes qui ont révélé que 9 produits de soin sur 10 contiennent encore des microplastiques. Selon la marque, rien qu’en Europe, 7 kg de plastiques provenant des cosmétiques sont rejetés dans l’environnement chaque minute. Des microplastiques ont été trouvés dans le sang humain, les poumons et même le placenta.

« Nous exhortons la Commission européenne à mettre en œuvre de toute urgence une législation claire, cohérente pour interdire rapidement les microplastiques. Nous pensons que rien ne justifie une période de transition exceptionnellement longue de 12 ans alors que des marques de cosmétiques naturels telles que Weleda montrent que travailler sans utiliser de microplastiques a toujours été possible », déclare Nataliya Yarmolenko, directrice commerciale de Weleda.

Une demande qui aurait le soutien de l’opinion publique. En effet, plus de 52.000 personnes à travers l’Europe ont déjà signé une pétition de la Plastic Soup Foundation pour interdire tous les microplastiques dans les cosmétiques.

Les signataires de la lettre ouverte appuient également leur demande sur une étude récente de Provenance qui montre également que 9 acheteurs sur 10 pensent que les considérations liées à la durabilité et à l’éthique sont importantes lors de l’achat de produits de beauté et de bien-être. [2]

En 2015, Cosmetics Europe avait demandé aux industriels de mettre fin à l’utilisation de particules plastiques synthétiques, solides et non biodégradables dans tous les cosmétiques rincés exfoliants et nettoyants mis sur le marché à partir de 2020. Toutefois l’utilisation de polymères plastiques dans l’industrie cosmétique est bien loin d’être limitée à ces produits. Néanmoins, le développement de solutions alternatives peut être complexe, comme dans le cas de l’encapsulation, et le besoin d’innovation se fait de plus en plus pressant.