Protection rêvée, protection réelle

L’exposition au soleil est appréciée pour son effet sur le moral et permet également la synthèse épidermique de la vitamine D. Mais ses dangers sont aussi de plus en plus connus. « Les UV sont responsables de nombreux effets biologiques à la fois bénéfiques et néfastes pour la santé. Sur le plan cellulaire les UV agissent au niveau nucléaire, membranaire et cytoplasmique, » explique le professeur François Aubin de l’Université de Franche Comté. Les UVA, qui représentent 95% du spectre, sont ceux qui pénètrent le plus profondément dans la peau.

Plus récemment, les effets des proches IR sur le vieillissement cutané photo-induit ont été mis en évidence. « 50% des radicaux libres sont produits dans le visible et le proche infra rouge. Ces longueurs d’onde comprises entre 760 et 1400 nm atteignent le derme à des doses importantes entrainant la surexpression de la metalloprotéinase-1 dans les fibroblastes dermiques, » souligne Jürgen Lademann de Charité Universitatsmedizin de Berlin. Jürgen Lademann a également a montré que les proches infra rouges régulent des gènes très influents dans l’homéostasie de la peau. Il préconise alors une protection sur tout le spectre lumineux et plus seulement centrée sur les UV.

En formulation, se prémunir des UVA et des UVB est déjà une nécessité. « La galénique du produit joue un rôle important, elle détermine la quantité que l’on appliquera. Il est démontré que les produits qui s’étalent facilement sont associés à la fois à une faible variance de FPS et à une évaluation sensorielle positive qui entraine à son tour l’application d’une quantité de crème plus élevée, » remarque Marc Pissavini de Coty Lancaster, tout en notant que l’on reste toujours en dessous des 2mg/cm² requis par les méthodes normalisées permettant de déterminer les indices de protection solaire. Marc Pissavini préconise alors d’utiliser un « FPS in vivo veritas  » qui prendrait en compte le spectre d’absorbance du produit, l’uniformité de l’application et la quantité de produit déposée pour se rapprocher réellement « d’une utilisation in vivo sur la plage ».

La photobiomodulation ou la lumière qui guérit

À l’opposé, certaines longueurs d’onde du spectre visible sont également utilisées comme moyen thérapeutique. Selon le Dr Pelletier de l’European LED Academy Society « la photobiomodulation, qui est le processus par lequel des chromophores sont absorbés par des longueurs d’ondes sélectives entrainant des phénomènes de signalisation majeure pour des synthèses biologiques cellulaires essentielles, s’inscrit dans une gestion moderne d’un vieillissement harmonieux  ».

Des études cliniques ont relaté l’intérêt de la lumière rouge pour stimuler la prolifération et la différenciation des mélanocytes en culture. « Plus récemment, il a été montré que la lumière visible bleue était capable d’induire chez des personnes de phototype élevé une hyperpigmentation plus intense et durable que celle obtenue avec les UVA, » précise le Professeur Thierry Passeron du CHU de Nice. La lumière présente alors un grand intérêt pour traiter des désordres pigmentaires tels que le vitiligo, les cicatrices, les vergetures, l’acné.

Jean-Alexis Grimaud, de l’Université Paris VI, fondateur et directeur de la recherche de la société Matriscience propose de son côté une méthode de criblage d’ingrédients actifs soumis à une illumination par LED. « Notre méthode permet de revisiter sous l’angle de la photobiomodulation des molécules connues dont l’activité pourra être ainsi optimisée ».

Autant de champs de recherche qui ouvrent d’intéressantes perspectives cosmétiques.

Jeunes chercheurs récompensés

Pour la première fois, les organisateurs des Journées Jean-Paul Marty ont invités de jeunes chercheurs à présenter leurs travaux et à concourir au prix du meilleur poster. Élodie Gibert du laboratoire de Pharmacie Galénique Industrielle de l’Université de Lyon 1 a été récompensée pour ses recherches sur la mesure, l’analyse et la prédiction de l’absorption des filtres UV chimiques dans le Stratum Corneum.