Le groupe suisse Richemont, propriétaire, entre autres, des marques de joaillerie et d’horlogerie Cartier, Van Cleef & Arpels, Baume &Mercier, Jaeger-LeCoultre, Piaget, Vacheron Constantin, et des marques de mode et d’accessoires Alaïa, Chloé, Delvaux, dunhill, Montblanc, a publié mercredi 16 juillet des ventes trimestrielles jugées "solides", grâce à la demande pour ses bijoux dans un contexte beaucoup moins porteur pour le secteur du luxe.

Lors de son premier trimestre décalé, qui s’étale d’avril à juin, le groupe genevois a enregistré une hausse de 3% de son chiffre d’affaires, à 5,4 milliards d’euros. Hors effets de changes, ses ventes ont progressé de 6%, a-t-il précisé dans un communiqué.

Les ventes de joaillerie ont dépassé les prévisions, à 3,9 milliards d’euros, progressant de 11% hors effets de changes par rapport à la même période un an plus tôt. Les ventes dans l’horlogerie, qui englobe notamment les marques Piaget, IWC et Vacheron Constantin, se sont en revanche inscrites légèrement en deçà des attentes, à 824 millions d’euros, soit un repli de 7%, à l’heure où les horlogers suisses dans leur ensemble pâtissent de la chute de la consommation en Chine.

Les analystes interrogés par l’agence suisse AWP tablaient en moyenne sur un chiffre d’affaires trimestriel de 5,4 milliards d’euros, dont 3,86 milliards dans la joaillerie et 832 millions dans l’horlogerie. Dans une note de marché, les analystes de Jefferies ont qualifié ces ventes trimestrielles de "solides", soulignant qu’elles montrent à nouveau que Richemont "surperforme" par rapport à ses concurrents.

Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel, juge ces ventes "rassurantes", en particulier par rapport aux perspectives des concurrents du groupe suisse. "Sa croissance robuste dans la joaillerie reste impressionnante", commente-t-il dans une note de marché, tout en insistant sur le fait qu’il se montre beaucoup plus "prudent pour le secteur dans son ensemble" en raison du faible niveau de "confiance des consommateurs".

"Encourageantes" sur le continent américain

Dans une étude publiée mi-juin, le cabinet Bain & Company a prévenu que le secteur du luxe risque de traverser en 2025 l’une de ses plus fortes périodes de turbulences depuis une quinzaine d’années, hors choc de la pandémie de Covid-19 qui avait été suivi d’un très vif rebond une fois les restrictions sanitaires levées.

Car le secteur doit faire face non seulement à l’attentisme des consommateurs chinois, mais aussi à de grandes incertitudes quant aux dépenses de consommateurs américains avec le flou à cause des droits de douane. Toutefois, certains segments vont probablement continuer à s’en sortir mieux que d’autres, à l’image de la joaillerie, en particulier dans l’ultra-luxe, d’après cette étude. Ce segment est considéré comme plus résistant, la haute joaillerie s’adressant à une clientèle aisée, moins sensible aux aléas de la conjoncture.

À l’image d’autres maisons de luxe, Richemont cherche également à élargir sa clientèle en investissant le secteur des parfums et cosmétiques avec des produits plus accessibles. À l’instar de son concurrent français Kering, le groupe avait annoncé en 2023 la création d’une division beauté.

Évaluant en détail des chiffres de Richemont, Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux, a estimé ses ventes sur le continent américain "particulièrement encourageantes". Celles en l’Europe "restent fortes", a-t-il également relevé. En revanche, elles apparaissent toujours "vraiment faibles" en Chine, a-t-il indiqué à l’AFP.

Richemont ne fournit pas les chiffres de ses ventes trimestrielles par pays, mais précise qu’elles ont grimpé de 17% sur l’ensemble du continent américain et de 11% en Europe. À l’inverse, elles se sont contractées de 15% au Japon, la base de comparaison étant néanmoins très élevée après un bond de 59% à la même période un an plus tôt. Le raffermissement du yen a aussi pesé sur les dépenses des touristes, dont celles "des touristes chinois", a reconnu Richemont.

Dans le reste de l’Asie-Pacifique, ses ventes sont restées stables, en dépit d’une chute combinée de 7% pour la zone Chine, Hong Kong et Macao, compensée par d’autres pays, dont la Corée du Sud et l’Australie.