Premium Beauty News - La demande de naturalité est depuis plusieurs années une tendance de fond en cosmétiques. Elle semble s’être encore renforcée avec la pandémie de Covid-19.

Ana Ledesma - Il y a effectivement un immense besoin de transparence en cosmétique, une demande d’information sur les ingrédients, leur origine, le processus de fabrication… Les consommateurs veulent des produits sûrs, fabriqués dans le respect de l’environnement et des communautés. Le besoin de sécurité né de la pandémie et l’inquiétude croissante sur l’état de la planète n’ont fait que consolider ces attentes.

On ne peut plus dire que la durabilité est une tendance. Aujourd’hui, c’est une façon de vivre et d’acheter les produits qui se généralise. Les consommateurs veulent des produits multifonctionnels, durables et en phase avec leurs convictions.

Premium Beauty News - Les labels sont aussi un moyen d’informer les consommateurs. Mais NATRUE reste peu connu en France ou au Royaume-Uni alors que c’est un label très fort en Allemagne, en Autriche ou en Suisse ?

Ana Ledesma - Aujourd’hui il y a plus de 7000 produits certifiés avec le label NATRUE, principalement en Europe, qui est la zone la plus sensible aux labels, mais aussi en Amérique du nord et du sud, ainsi que dans la zone Asie Pacifique. Notre objectif est de développer davantage le label au niveau international. Plus de 300 marques de cosmétiques naturels et bio dans le monde font confiance au label NATRUE pour la certification de leurs produits.

Les labels Cosmebio et COSMOS sont historiquement très présents en Europe de l’ouest et du sud. NATRUE est davantage connue en Autriche, Suisse et Allemagne, qui est le pays d’origine de plusieurs membres fondateurs de l’association. Pour développer la présence du label sur le marché français, nous participons depuis plusieurs années au salon Natexpo en France. Cette année nous avons partagé notre stand avec la marque de cosmétiques bio française Beauty Garden.

Un label comme celui de NATRUE est une garantie d’uniformité des exigences et de transparence pour les consommateurs du monde entier.

Premium Beauty News - NATRUE a annoncé une simplification de son label, qui comptera maintenant deux niveaux, contre trois auparavant.

Ana Ledesma - Nous avons souhaité rendre le label plus simple pour les consommateurs. À partir du 1er janvier 2021, le standard ne distinguera plus trois mais deux niveaux de produits : les cosmétiques naturels, d’une part, et les cosmétiques biologiques, d’autre part. Les produits qui étaient auparavant labélisés « naturels avec partie biologique » pourront rester comme tels sur le marché, jusqu’à expiration de leur certificat dont la validité est de deux ans. Mais nous avons pris soin de ne pas réduire notre degré d’exigences, au contraire nous avons introduit de nouveaux critères, notamment en matière de respect de l’environnement et d’approvisionnement en matières premières.

Premium Beauty News - En tant que label, comment vous positionnez-vous par rapport aux revendications de naturalité liées à la norme ISO 16128 ou à la notion de clean beauty ?

Ana Ledesma - Nous avions de gros espoirs lorsqu’il a été question d’une norme ISO en matière de naturalité dans les cosmétiques. Mais force est de constater que les garanties et assurances offertes par cette norme sont assez faibles par rapport à ce que propose un label comme NATRUE.

En ce qui concerne la clean beauty, notre position est certainement la même que celle de tous les autres labels. Indiscutablement, cette notion apporte des changements positifs et oblige les marques à renoncer à certains ingrédients. C’est un mouvement large, qui dépasse le bio et le naturel. Mais, pour nous c’est une allégation qui manque de clarté et qui peut être trompeuse. Aujourd’hui, ce qu’il faut entendre par clean beauty est laissé à l’interprétation de chaque marque. En l’absence de critères communs et de certification indépendante, on ne peut exclure le risque de greenwashing ou de critères en réalité peu exigeants par rapport au simple respect de la réglementation en vigueur.

Les labels offrent un cahier des charges public, avec des critères connus, vérifiables et - pour ce qui concerne NATRUE - contrôlés par des organismes indépendants. Par ailleurs, les labels de cosmétiques naturels et biologiques vont plus loin que la simple suppression des ingrédients : ils comportent de nombreux critères environnementaux.

Premium Beauty News - Les applications de notation des produits ne contribuent-elles pas également à apporter plus de transparence ?

Ana Ledesma - Les applications peuvent être une référence intéressante pour les consommateurs si l’information qu’elles proposent est objective et complète. Mais elles comportent parfois des lacunes et leurs évaluations peuvent manquer d’objectivité et de rigueur scientifiques. Toutes les applications n’utilisent pas les mêmes critères et toutes ne se valent pas ! Globalement, elles ont souvent tendance à s’appuyer sur la peur de certains ingrédients.

La mission de NATRUE est d’offrir aux consommateurs un maximum de garantie en matière de cosmétiques naturels et biologiques. C’est un moyen d’améliorer la confiance dans les produits et nous travaillons continuellement à augmenter le niveau d’information et de transparence, au bénéfice mutuel des fabricants et des consommateurs, particulièrement à travers notre base de données publique sur les produits et matières premières certifiées avec le label NATRUE.