Le « Comité de la filière cosmétique » s’est réuni pour la quatrième fois le 17 novembre, au Ministère de l’Économie, des Finances. Présidée par M. Roland Lescure, Ministre délégué à l’Industrie, et organisée par le pôle de compétitivité Cosmetic Valley et la Fédération des Entreprises de la Beauté (FEBEA) cette réunion s’est tenue en présence d’une trentaine de représentants de la filière issus de l’ensemble de la chaîne de valeur, du Médiateur des Entreprises ainsi que de représentants des ministres du Commerce extérieur, de la Transition écologique et des Outre-mer. Au programme, plusieurs projets structurants impliquant partenaires publics et privés : la transition écologique, l’emploi et la formation, la relocalisation des achats, l’export.

Décarbonation et biodiversité

Concernant la transition écologique, les représentants de l’industrie ont présenté leur stratégie de décarbonation dont l’objectif est d’estimer les émissions carbone de la filière puis d’élaborer une feuille de route de réduction des principaux postes d’émission. Publiée début 2024, cette stratégie climat sera déployée en plan d’actions dans les six mois qui suivront.

Célestin Nitowski, représentant de la PME Bio Stratège Guyane, a ensuite présenté l’engagement de la filière sur les territoires ultramarins pour en préserver la biodiversité et mieux la mettre en avant via le programme de valorisation de la « cosmétopée » de la Cosmetic Valley.

Recruter 30.000 personnes

Les questions d’emploi et de formation, plus particulièrement les difficultés du recrutement, ont été abordées par Pierre Juhen, président de Patyka et par Xavier Gagey, président du Groupe Pochet. Pour y répondre, la filière cosmétique lance une plateforme digitale accessible à l’ensemble des entreprises, des opérateurs de l’emploi et de la formation et du grand public. En parallèle, les industriels ont souligné l’urgence de renforcer l’attractivité des métiers de la cosmétique : c’est l’objet d’une campagne de communication grand public, « Cosmetic Expérience Tour Acte 3 », portée par Cosmetic Valley et plusieurs marques, et qui se déploiera début 2024 avec un objectif ambitieux : d’accueillir 30.000 personnes dans la filière d’ici 2025.

Relocaliser la production d’emballages plastiques

Au-delà de la protection du « fabriqué en France », la filière souhaite aussi s’engager dans la relocalisation de certains achats stratégiques qui ont été identifiés par une étude dévoilée lors du comité de filière de 2021. Parmi ces intrants prioritaires figurent les emballages plastique, en raison d’une pénurie et d’un manque de compétitivité des fabricants de moules français. Une médiation entre donneurs d’ordre et fournisseurs a été lancée, dont l’avancement a été présenté par le Médiateur des Entreprises Pierre Pelouzet pendant la réunion.

Création d’ambassades sectorielles

Enfin, les enjeux de l’export ont été présentés par Gabrielle Saint-Genis Rodriguez, présidente de Guerlain. Si la cosmétique française représente le 3e contributeur à l’excédent de la balance commerciale et le premier exportateur mondial, elle est de plus en plus concurrencée par des acteurs économiquement solides, technologiquement puissants, appuyés par des stratégies publiques ambitieuses. Pour structurer l’influence de la filière au sein des marchés à haut potentiel, très concurrentiels, les représentants de la filière prévoient la création d’ambassades sectorielles de la parfumerie-cosmétique. La première sera lancée en Chine à Shanghai en 2024, puis d’autres devraient suivre : en Corée du Sud, aux États-Unis et au Japon. l’objectif est d’animer sur ces marchés une « communauté business dynamique et audacieuse ».

On le voit, les chantiers ne manquent pas ! Si cette réunion a permis à la filière de présenter la façon dont elle compte aborder ces enjeux, on ne sait toujours pas comment — au-delà des discussions et des échanges — les pouvoirs publics envisagent, de leur côté, la construction d’une véritable stratégie industrielle nationale.