Perturbé par la pandémie de Covid-19, le montage des lignes de production dans la nouvelle usine nord-américaine de Capsum à Austin, au Texas, a du se faire en partie à distance ! « Nos techniciens et nos experts étaient bloqués en France, les machines étaient déjà sur le site », explique Sébastien Bardon, CEO de l’entreprise spécialisée dans la conception et la production de formules innovantes pour le soin de la peau et le maquillage. Mais l’utilisation d’outils de réalité virtuelle a permis de contenir les contretemps et de lancer la production du site début septembre.

Créée en 2008, la société s’est taillée une réputation de pépite technologique au sein de l’industrie cosmétique française, grâce à sa technologie de microfluidique qui a révolutionné la formulation des produits de soin et, plus récemment, du maquillage. « Cette technologie nous permet de créer pour nos clients des produits avec une très belle esthétique mais aussi avec une sensorialité exceptionnelle », souligne Sébastien Bardon. En résumé, la microfluidique permet créer des émulsions d’un nouveau type à partir de gouttelettes formées une à une, en contrôlant leur taille et en manipulant les fluides pour obtenir la structure souhaitée.

Depuis sa création, Capsum annonce un taux de croissance annuel moyen de plus 50%. « Un rythme de croissance que l’on trouve davantage dans les entreprises de la tech que dans celles du secteur des cosmétiques ». Aujourd’hui, le chiffre d’affaires de l’entreprise dépasse les 50 millions d’euros, essentiellement en Europe et, pour un quart, aux États-Unis. Une trajectoire à peine perturbée par la crise liée à la pandémie puisque Sébastien Bardon prévoit pour 2020 une progression de 30 à 40% du chiffre d’affaires.

Un site exemplaire en matière environnementale

L’ouverture du premier site de production nord-américain doit permettre de poursuivre sur cette lancée. Le site de 11.000 m2 emploie actuellement 40 salariés mais devrait en accueillir près de 250 à maturité, pour une capacité de production annuelle estimée à 250 millions d’unités (contre environ 50 millions d’unités par an pour le site français de Château-Gombert, près de Marseille).

Partant de zéro et disposant de tout l’espace nécessaire, Capsum a pu créer à Austin l’usine de ses rêves. « Dès le départ notre volonté était de limiter au maximum notre empreinte environnementale en équilibrant la consommation énergétique du site par la production d’électricité solaire », indique Sébastien Bardon. Avec l’une des plus grandes surfaces de panneaux solaire installés sur un site industriel au Texas, le bâtiment bénéficie d’une certification LEED Silver et offre un bilan carbone neutre. Pour limiter son impact hydrique, l’usine n’utilise pas l’eau des réseau d’eau potable ou agricoles, mais puise dans une nappe phréatique salée (10g/litre, soit 1/3 de moins que l’eau de mer) située en profondeur sous le site. Une petite unité de désalinisation alimentée par l’énergie solaire permet de rendre l’eau apte à l’utilisation en cosmétique.

« Nous réalisons déjà un quart de notre activité avec des marques américaines, grâce à nos deux bureaux commerciaux, à New York et Los Angeles. Ce sont des clients pour lesquels le délai de mise sur le marché est un critère important et disposer d’un site de production local est donc un véritable atout », poursuit le dirigeant.

Alors que le site français tourne à plein régime, cette ouverture aux États-Unis permet à Capsum de disposer de nouvelles marges de manœuvre en termes de capacités industrielles avant de démarrer près de Marseille « une usine aussi ambitieuse que celle d’Austin ». Une option qui semble fort probable au vu de la croissance actuelle, et qui permettra de pousser plus loin encore l’optimisation des processus de production et la naturalisation des technologies microfluidiques, pour répondre au mieux aux tendances du marché.