La longévité — l’idée de prolonger la durée de vie en bonne santé et avec une belle apparence — est sans doute l’un des mouvements majeurs de 2025. Cette quête influence toute une série de secteurs, de la santé à l’alimentation, en passant par le fitness, la beauté et le bien-être.

Dans le domaine de la beauté, recherche et développement en matière de longévité prennent de nombreuses formes. Les scientifiques et les marques suivent les marqueurs de santé de la peau au fil du temps et développent des compléments alimentaires, des produits topiques et des outils pour répondre aux changements et les influencer. Mais alors que l’industrie s’intéresse de près à ce sujet, L’Oréal insiste sur l’importance d’étayer les innovations par des recherches scientifiques approfondies.

La « révolution » de la longévité

« La longévité est un paradigme nouveau », a souligné Carine Ballihaut, Skincare Research Transformation Director chez L’Oréal à l’occasion du salon Cosmetic 360 à Paris, ce mois-ci. « C’est une révolution qui nous impacte tous en tant qu’individus, mais aussi dans nos sociétés », a-t-elle dit.

Selon elle, les consommateurs comme l’industrie sont contraints de reconsidérer le sens de la longévité, dont il est aujourd’hui démontré qu’elle ne se résume pas à l’âge chronologique.

Les connaissances scientifiques sur les dommages liés à l’âge touchant divers organes ont « considérablement progressé » ces dernières années. Les publications consacrées à la longévité, par exemple, ont passé le cap des 100.000 entre 2000 et 2024. De nombreuses, recherches s’intéressent aux diverses causes profondes de l’impact de l’âge sur le corps humain.

Les publications plus spécifiquement dédiées à la longévité de la peau ont connu le même mouvement de croissance. « Mais pour Carine Ballihaut, en matière de la longévité et de peau humaine, « il reste encore beaucoup à découvrir ».

Horloges biologiques et biomarqueurs

Si le développement de plus de 15 horloges biologiques distinctes, permettant aux scientifiques de prédire l’âge biologique à partir de profils moléculaires, a permis la « révolution scientifique de la longévité », la science de la peau nécessite encore une attention particulière, selon Mme Ballihaut.

« Nous disposons désormais des preuves démontrant que les horloges du vieillissement dépendent des organes », a-t-elle expliqué. « Cela signifie que les horloges basées sur l’analyse du sang peuvent ne pas refléter avec précision l’âge biologique de la peau. Pour faire progresser la science de la longévité de la peau, il est nécessaire de créer des horloges spécifiques, fondées sur une compréhension approfondie de la biologie cutanée ».

Au cours des 50 dernières années, a expliqué Carine Ballihaut, L’Oréal a mis en lumière les mécanismes et les marqueurs du vieillissement biologique de la peau, dont une grande partie a été étayée par des évaluations cliniques. Dans le cadre de son programme interne L’Oréal Longevity Integrative Science, le groupe explore l’impact de l’activité cellulaire et de l’inflammation sur le vieillissement cutané. Une « roue de la longévité pour la beauté » a été créée pour décoder le vieillissement cutané aux niveaux cellulaire, moléculaire et tissulaire.

« Nous avons minutieusement cartographié toutes les transformations biologiques – moléculaires, cellulaires et tissulaires – en combinant et en compilant des données sur 267 biomarqueurs de la peau. La mesure de ces biomarqueurs fournit un aperçu inestimable de l’état dermatologique, nous permettant non seulement de prédire, mais aussi d’influencer la trajectoire d’évolution de la peau », a expliqué Mme Ballihaut.

Cet ensemble sophistiqué de données pourrait ensuite être passé au crible d’une intelligence artificielle (IA) afin de relier les biomarqueurs à des ingrédients actifs et, à terme, permettre le développement de produits ciblés susceptibles de ralentir le processus de vieillissement et de prolonger la durée de vie de la peau, a-t-elle déclaré.

« L’intégration de ces caractéristiques biologiques révèle de nouvelles cibles et stratégies d’intervention prometteuses (...) En tant qu’entreprise de beauté, nous nous engageons à visualiser et à prouver les bienfaits des ingrédients sur la peau et à utiliser ces informations pour orienter le développement de nouveaux produits ».

Marqueurs de longévité cutanée

Toutefois, il reste « essentiel de développer des stratégies d’innovation ciblées, spécialement conçues pour améliorer la santé de la peau », a insisté Carine Ballihaut.

Les soins de la peau centrés sur la longévité doivent « s’appuyer sur une compréhension approfondie des changements biologiques de la peau au fil du temps », a-t-elle souligné. « Il s’agite de s’appuyer sur ce que nous appelons les marqueurs de longévité ». Cela impliquera des investissements de la part de l’industrie cosmétique.

L’Oréal, par exemple, a mis au point un appareil de diagnostic de haute technologie dévoilée lors du CES 2025 à Las Vegas. Baptisé L’Oréal Cell BioPrint, il utilise un patch pour mesurer les protéines à la surface de la peau et fournir, en moins de cinq minutes, une analyse détaillée et personnalisée de l’âge biologique de la peau d’une personne.

Pour Mme Ballihaut cet appareil est une « avancée majeure » pour l’industrie. Cet outil devrait contribuer à faire progresser la connaissance en matière de longévité des soins de la peau. « En tant que biologistes de la peau, nous sommes ravis. Nous pouvons désormais préserver de manière proactive la santé de la peau, avant l’apparition des signes visibles du vieillissement, en l’aidant à fonctionner de manière optimale plus longtemps. Nous entrons dans une nouvelle ère ».