Isabelle Ferrand

Dans ce contexte de ralentissement du nombre de lancements, on note un découpage évolutif, avec une résistance des masculins dont la part relative progresse : 20% de lancements masculins contre 14% en 2012. Les féminins représentent encore 53% des lancements sur la période étudiée, et les parfums « non-positionnés », issus de la parfumerie confidentielle, affirment leur poids avec 27 % des lancements.

Fini les fleuris ?

Même si la tendance se modère au profit des orientaux (Aubade) et des chyprés (Si de Giorgio Armani ou Acquarosa de Fendi), les fleurs restent à l’honneur sur cette seconde période de l’année avec 66% de fleuris parmi les 71 parfums féminins lancés (Elle L’Aime de Lolita Lempicka, Modern Muse d’Estée Lauder ou Place Vendôme de Boucheron). Fleurs blanches de préférence, avec le Néroli, l’Ylang-Ylang, la vanille et le jasmin que l’on retrouve aussi en soliflore sur le marché de niche.

« L’attrait gourmandise est encore très fort » note Isabelle Ferrand « on reste sur des notes gourmandes et sucrées, rassurantes, pour répondre à la demande des consommateurs plus que des parfumeurs ». Des Madeleines de Proust qui expliquent également la grande présence de notes fruitées dans les compositions. La poire principalement, que l’on reconnait dans Honey de Marc Jacobs ou Flower In The Air de Kenzo, mais aussi le cassis très bien représenté.

Entrée dans la danse

Après les secteurs de la mode ou l’agro-alimentaire, c’est au tour de la parfumerie de s’emparer de l’univers très « Black Swan » de la danse classique. Des notions de grâce, de souplesse, de mystère, qu’elle traduit olfactivement ce semestre pour la marque Repetto ou le nouveau Iris Prima de Penhaligon’s pour lequel Alberto Morillas a cherché l’inspiration auprès du English National Ballet.

Des bois ambrés pour les hommes

Sur 27 parfums masculins répertoriés, 74 % appartiennent à la famille des boisés. Une tendance forte qui se confirme puisqu’ils n’étaient que 40% au premier semestre, avec pour point commun le choix de « Bois ambrés » (cashmeran, cédramber, ambroxan, l’ambrocenide...) associés à des concepts forts de réussite, à l’image des lauriers de Invictus de Paco Rabanne. L’amplitude de la famille des boisés marque en revers le recul des « Fougères », 7 % des lancements actuels contre 50% il y a 10 ans.

La gourmandise s’invite aussi chez les hommes avec beaucoup d’intensité dans les déclinaisons (1 Million Intense, Mont Blanc Intense …). Portée par les marchés orientaux, la revendication d’une odeur forte et marquante devrait se confirmer avec notamment les versions « Parfum » à venir de Terre d’Hermès et Fahrenheit de Dior.

Iris, cuir et visages en parfumerie confidentielle

La douceur poudrée de l’Iris et la chaleur puissante du cuir sont les notes fétiches dans la plupart des lancements de la parfumerie confidentielle. Plus vraiment confidentielle d’ailleurs, avec presque 30% des lancements, la parfumerie de niche s’affiche. Des visages apparaissent sur les campagnes de communication encore discrètes mais jusqu’alors plutôt axées sur l’esthétique des flacons.

Renaissance et rééditions

La majorité des lancements pour cette fin d’année sont des « nouveautés » (51%), laissant une large part aux déclinaisons (19%), flankers (7%), éditions limitées (4%) et collections (12%). L’étude relève néanmoins l’apparition du renouveau dans l’ancien. Inexistantes au premier trimestre, les rééditions des anciennes maisons de parfums (Jean Patou relancée avec Joy Forever, Volnay, Oriza Legrand) reviennent sur le marché à hauteur de 7%.