«  Plus de vingt-cinq composés de l’aluminium figurent parmi les substances susceptibles d’être utilisés dans les produits cosmétiques, » explique l’Afssaps dans une récente évaluation du risque lié à l’utilisation de l’aluminium dans les produits cosmétiques. « Le chlorohydrate d’aluminium est l’un des plus utilisés, en particulier en tant qu’antitranspirant, » précise l’agence.

Depuis le début des années 2000, les risques éventuellement liés à ces substances ont fait l’objet de plusieurs études, notamment en raison du rôle connu de l’aluminium dans la maladie d’Alzheimer. À partir de 2004 et la publication de l’étude du professeur Darbre et al. (2003), c’est l’éventuel lien entre le cancer du sein et l’exposition aux produits antitranspirants à base d’aluminium qui a retenu l’attention des médias.

Les différentes tentatives d’évaluation des risques se sont jusque-là heurtées au manque de données pertinentes, et c’est en partie grâce à une récente étude d’absorption cutanée fournie par les industriels du secteur cosmétique, que l’Afssaps a pu reprendre l’analyse des risques liés à l’aluminium.

Absorption cutanée

Cette étude menée in vitro sur peau humaine a permis d’estimer les quantités d’aluminium absorbées via une exposition quotidienne à un antitranspirant contenant 20 % de chlorohydrate d’aluminium (soit 2,5 % en aluminium) à 0,5 % dans le cas d’une exposition de peau normale, et à 18 % dans le cas d’une exposition de peau lésée.

L’Afssaps indique que dans le cas d’une peau normale, la marge de sécurité est de 20. Dans le cas d’une peau lésée, la marge de sécurité est inférieure à 1.

Effets neurotoxiques

Dans ces conditions, quels peuvent être les effets de l’exposition à l’aluminium ?

L’administration d’aluminium à dose répétée, entraîne des effets neurotoxiques ainsi que des effets sur les testicules, l’embryon et le développement du système nerveux sont observés chez l’animal. Des effets chez l’Homme (neurotoxicité, atteinte osseuse, anémie) sont également connus chez les insuffisants rénaux exposés de façon chronique à l’aluminium, ainsi que chez les prématurés alimentés par voie parentérale.

En revanche, les études chez l’animal ne mettent pas en évidence de potentiel cancérogène. Quant aux données épidémiologiques ne permettent pas, indique l’Afssaps, « d’établir un lien concluant entre l’exposition cutanée à l’aluminium et l’apparition d’un cancer. »

Sécurité non garantie

L’Afssaps considère donc que « l’exposition à des produits antitranspirants avec des concentrations de 20 % de chlorohydrate d’aluminium ne permet pas d’assurer la sécurité sanitaire des consommateurs dans les conditions normale d’utilisation. »

En conséquence, l’Afssaps recommande de :

 restreindre la concentration d’aluminium dans les produits antitranspirants ou déodorants à 0,6 % ;
 ne pas utiliser les produits cosmétiques contenant de l’aluminium sur peau lésée (après le rasage ou en cas de lésions de type microcoupure), et de faire figurer cette recommandation sur les conditionnements.

Concernant les cosmétiques autres que les antitranspirants, l’Afssaps précise que la réglementation pourrait également se durcir, dans la mesure où son évaluation ne prend pas en compte l’exposition totale aux divers produits susceptibles de contenir de l’aluminium.