La Commission européenne veut notamment soutenir les investissements dans le recyclage chimique, une technologie consistant à chauffer les plastiques à plusieurs centaines de degrés pour les recycler. Gourmande en énergie, cette technique est plus polluante que le recyclage mécanique, mais "peut jouer un rôle" pour certains emballages alimentaires comme les yaourts, estime Bruxelles.

La Commission va donc proposer aux États européens d’intégrer le recyclage chimique aux règles de l’UE sur la proportion de plastique recyclé obligatoire dans les bouteilles.

Concurrence asiatique

Pour aider la filière plastique, l’exécutif européen veut aussi simplifier le passage du statut de déchets à celui de matières premières recyclables, grâce à des critères communs au sein des Vingt-Sept.

"C’est une étape essentielle pour établir un marché unique des plastiques recyclés, simplifier les procédures administratives pour les recycleurs, en particulier les petites et moyennes entreprises, et garantir un approvisionnement stable en matières recyclées", assure la Commission.

La Commission présente ces mesures comme une première étape avant une loi plus large consacrée à l’économique circulaire. Les propositions incluent des contrôles plus stricts sur les importations, afin d’empêcher que l’Europe se trouve submergée de plastiques bon marché.

En effet, confrontés aux coûts de l’énergie et à la concurrence internationale, les industriels du plastique avaient appelé à l’aide début octobre, se disant "au bord du gouffre".

Sur le long terme, la production européenne décline tandis que les importations en provenance d’Asie sont toujours plus importantes.

Au niveau mondial, la production de plastique continue de croître à un rythme soutenu, atteignant 430,9 millions de tonnes de plastique vierge en 2024 (+4% par rapport à 2023). Mais plus de la moitié provenait d’Asie (57,2%) et plus d’un tiers de la seule Chine (34,5%).

L’Asie est également dominante sur le marché du plastique dit "circulaire", c’est-à-dire recyclé mécaniquement, fabriqué à partir de biomasse, recyclé chimiquement ou issu de la capture du carbone : 30,3% de la production vient de Chine et 24,6% du reste de l’Asie. L’Europe compte pour 19% de cette activité, selon Plastics Europe, une organisation qui regroupe une centaine d’entreprises.

Capacités stagnantes

L’UE est confrontée à des volumes croissants de déchets plastiques, source de pollution toujours plus grande. Selon les données de l’UE, chaque Européen produisait près de 190 kg de déchets d’emballages en 2021 et ce chiffre passerait à 209 kg en 2030, sans mesures supplémentaires. Mais en parallèle, les capacités de recyclage stagnent.

Le secteur disposait d’une capacité de recyclage de 13 millions de tonnes en 2023. Mais, sa croissance a ralenti malgré l’augmentation du nombre de déchets plastiques générés. En 2021, la capacité de recyclage a progressé de 17%, puis de 10% en 2022 et de 6% en 2023. D’ici fin 2025, la commission prévoit une diminution nette de la capacité de recyclage d’environ un million de tonnes.

"Cette réduction de capacité pose des défis non seulement du point de vue de la conformité environnementale, mais aussi en matière de compétitivité industrielle, de croissance économique et de maintien de l’emploi", a déclaré la commission.