Le géant texan de la pétrochimie LyondellBasell et le chimiste allemand Covestro ont dit "adieu" le 26 septembre à leur usine de Maasvlakte, aux Pays-Bas, qui produisait de l’oxyde de propylène (PO) et du monomer de styrène (SM).
Annoncée le 25 mars, la fermeture du site qui avait débuté ses opérations en 2003, est la conséquence de "surcapacités mondiales, d’une hausse des importations en provenance d’Asie et de coûts de production élevés en Europe", a assuré LyondellBasell. L’ensemble rendait "impossible le maintien opérationnel de l’usine", a-t-il ajouté.
Ce site, qui employait 160 personnes, jouissait d’une "importante efficacité carbone par rapport à des installations similaires à travers le monde", disait encore le groupe américain fin septembre.
Part de marché en recul
L’industrie du plastique dans son ensemble souffre des mêmes maux, selon le bilan annuel de Plastics Europe, publié mercredi 8 octobre. Pour cette organisation qui regroupe une centaine d’entreprises, soit plus de 90% de la production européenne, cette dernière est même "au bord du gouffre".
L’Europe a produit légèrement plus de matières plastiques en 2024 qu’en 2023 : un total de 54,6 millions de tonnes (+0,4%). Mais l’année précédente avait été marquée par une forte baisse et sur le long terme le déclin est notable (62,3 millions de tonnes produits en 2018).
"Cela ne traduit pas une baisse de la consommation, mais un déséquilibre de la balance commerciale", a expliqué à l’AFP Jean-Yves Daclin, directeur général de Plastics Europe France. L’Europe, dans laquelle l’organisation regroupe les 27 pays membres de l’Union européenne, le Royaume-Uni, la Norvège et la Suisse, "produit moins et importe davantage de l’étranger", a-t-il dit.
Au niveau mondial en effet, la production de plastique continue de croître à un rythme soutenu, atteignant 430,9 millions de tonnes de plastique vierge en 2024 (+4% par rapport à 2023). Plus de la moitié provenait d’Asie (57,2%) et plus d’un tiers de la seule Chine (34,5%).
L’Asie est également dominante sur le marché du plastique dit "circulaire", c’est-à-dire recyclé mécaniquement, fabriqué à partir de biomasse, recyclé chimiquement ou issu de la capture du carbone : 30,3% de la production vient de Chine et 24,6% du reste de l’Asie. L’Europe compte pour 19% de cette activité, note Plastics Europe.
Globalement, la part de marché de l’Europe est passée de 22% en 2006 à 12% en 2024.
Coût de l’énergie
Les ventes des producteurs européens de plastiques s’en ressentent. Elles ont fléchi de 3% en 2024, reculant à 398 milliards d’euros (410 milliards en 2023). Le secteur est resté exportateur net en valeur, à hauteur de 12,3 milliards d’euros. Mais les volumes importés en Europe ont été ces dernières années supérieurs à ceux exportés.
Plastics Europe impute la perte de vitesse européenne à une mauvaise compétitivité, due notamment au coût de l’électricité et du gaz. Sont aussi évoqués une "réglementation environnementale plus exigeante qu’ailleurs", des coûts salariaux "élevés" et des prix tirés à la baisse par la concurrence internationale.
Estimant qu’environ 35.000 du 1,5 million de salariés du secteur ont perdu leur emploi entre 2022 et 2024 en Europe, l’organisation "demande des politiques européennes et nationales d’urgence", notamment sur le coût de l’énergie. Elle appelle aussi à renforcer l’"application aux frontières du droit de l’Union".
Le secteur de l’industrie chimique dans son ensemble fait face à des "défis sans précédent", martèle également le Cefic, lobby européen des industriels de la chimie.
























