En créant ScenTree, Maxime Baud et Thomas Espinasse, deux jeunes fraîchement diplômés de l’ISIPCA, se sont donnés trois objectifs : démocratiser la connaissance sur les ingrédients des parfums, dédramatiser les allergènes et mettre en valeur le catalogue des différentes sociétés de matières premières. En quelques mots, ils adressent un discours éducatif aux parfumeurs indépendants et aux services marketing, désireux d’avoir un discours sur les ingrédients, tout en dédramatisant le sujet auprès du grand public.

Une bible numérique et interactive des matières premières

C’est lors de leurs séances d’olfaction de matières premières, que Maxime et Thomas ont eu l’idée de créer leur propre classification. Pour relever ce défi, ils se sont inspirés de Lifemap, une classification imaginée par Damien de Vienne, de l’Université de Lyon. Lifemap classe l’intégralité du vivant sur terre, sous la forme d’un arbre le long duquel on peut se « déplacer » un peu comme sur une carte.

Jusqu’ici, pour les ingrédients de parfumerie, deux classifications existaient : le Champ des Odeurs, de Jean-Noël Jaubert (1983) et la base plus fonctionnelle de The Good Scents Company.

Après accord avec le créateur de Lifemap, les deux entrepreneurs ont appliqué son modèle au domaine de la parfumerie.

Aujourd’hui, ScenTree liste 460 matières premières, dont deux tiers de matières synthètiques, un tiers de matières naturelles et quelques bases. À terme, les fondateurs souhaitent classifier au minimum 1000 matières premières, la palette d’un parfumeur en contenant environ 1500.

Concrètement, ScenTree apparaît sous la forme d’un arbre, chaque demi-cercle représente une famille olfactive et un descripteur (16 grandes familles olfactives), sur lequel il est possible de zoomer pour découvrir ce qui se cache derrière chaque ingrédient. Une barre de recherche permet aussi un accès direct à l’ingrédient. Néanmoins, même si les descripteurs olfactifs font consensus, leur hiérarchie reste un parti pris, l’olfaction étant subjective.

Thomas Espinasse et Maxime Baud, co-créateurs de ScenTree

Thomas Espinasse et Maxime Baud, co-créateurs de ScenTree

L’ensemble se base sur un patient travail de recherche, réalisé à partir d’ouvrages de référence, et surtout avec des experts, des parfumeurs ou des évaluateurs, afin de vérifier la pertinence des informations. Cinquième Sens, partenaire de la jeune entreprise, lui alloue une salle dans son espace de co-working, pour la conduite des séances d’olfaction.

Un modèle commercial en construction

Six mois après la création de ScenTree, les deux jeunes entrepreneurs se sont structurés, en passant d’un statut d’association à celui d’une SAS. Pour que leur société soit pérenne, un programme d’autofinancement à deux niveaux a été mis en place : d’une part avec des sponsors et d’autre part avec des partenaires.

Dans le premier cas, il s’agit d’incorporer dans la carte d’identité de l’ingrédient, le logo du fournisseur sponsor qui le commercialise. Un logo qui pourra être interactif et donner accès à une présentation complémentaire rédigée par la société. De plus, la fiche mettra en évidence le nom commercial de l’ingrédient utilisé par la société partenaire, ainsi que les quantités minimum de livraison (MOQ).

Dans le deuxième cas, celui des partenaires, il s’agira de donner la possibilité aux sociétés de matières premières et aux écoles l’opportunité d’une communication plus générale. Une action que ScenTree mènera sur les réseaux sociaux, tels qu’Instagram et Linkedln. Outre cet objectif, ScenTree publiera une newsletter, tous les 15 jours, avec les dernières mises à jour du site, des informations culturelles sur le monde du parfum, et des informations sur les sponsors.

Au final, ScenTree aspire à devenir la référence incontournable numérique de la classification des ingrédients de parfums, après le célèbre The Essential Oils de Ernest Guenther, dont la première édition est parue en 1948.