Situé entre mer et montagne, le pays de Grasse est un territoire à la flore naturelle remarquable dans lequel les plantes à parfum ont trouvé des conditions climatiques idéales. Cultivées dès le XVIIIe siècle, elles ont fait de la région le berceau historique de la parfumerie française, notamment avec l’évolution des procédés techniques d’extraction qui permet la création des premières véritables usines à parfum à partir du milieu du XIXe siècle.

En 2018, la région avait obtenu de l’UNESCO l’inscription de ses savoir-faire liés au parfum - la culture des plantes à parfum, la connaissance des matières premières, leur transformation et l’art de composer le parfum - sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.

Extraction et transformation

Pour obtenir le concentré parfumé - appelé « essence absolue » ou « absolue » - à partir de roses, jasmin, tubéreuses, iris ou d’autres fleurs à parfum, un procédé de fabrication en deux étapes a été mis en place par les industriels de la région de Grasse : d’abord l’extraction de la matière première végétale au solvant volatil, par fluide supercritique ou enfleurage, afin d’obtenir une pommade florale appelée « concrète », puis, la transformation de l’extrait primaire en absolue (lavage alcoolique, glaçage, filtration, pré-concentration et concentration finale sous vide), qui sera ensuite utilisée dans les parfums et cosmétiques.

C’est ce processus de transformation des fleurs en « essence absolue » qui a obtenu l’homologation de l’INPI.

Pour bénéficier de l’indication géographique protégée (IG) « absolue Pays de Grasse », l’absolue devra être issue de plantes dont les étapes de production, de cueillette et de transformation ont été opérées dans l’aire géographique des départements des Alpes-Maritimes, du Var et des Alpes-de-Haute-Provence.

Sept entreprises sont concernées par cette homologation, Firmenich, Jean Gazignaire, IFF-LMR, Mane, Payan Bertrand, Robertet et Sotraflor. Elles représentent, selon l’INPI, 90% des transformateurs de plantes à parfum de la zone géographique concernée.

Ainsi que le prévoit la législation, la gestion et la défense de l’indication géographique « absolue Pays de Grasse » sont déléguées au collectif qui a déposé la demande et proposé le cahier des charges, en l’occurrence l’association Fleurs d’Exception du Pays de Grasse.

Produits de l’artisanat et de l’industrie

Les indications géographiques distinguent les produits originaires d’une zone géographique déterminée et qui possèdent des qualités, une notoriété ou des caractéristiques liées à ce lieu d’origine. C’est la loi n° 2014-344 du 17 mars 2014 relative à la consommation qui a élargi les indications géographiques - auparavant réservées aux produits agricoles et viticoles - aux produits de l’artisanat et de l’industrie.

Les caractéristiques des différentes IG sont spécifiées dans un cahier des charges examiné par l’INPI. Seuls une association ou un syndicat professionnel, regroupant de manière représentative les opérateurs concernés (artisans ou entreprises), peuvent déposer une demande d’homologation. C’est ce collectif qui se voit déléguer la défense et la gestion de l’indication géographique.

L’homologation est délivrée à l’issue d’une instruction et d’une enquête publique conduites par l’INPI. L’IG « absolue Pays de Grasse » n’est que la dixième candidate à recevoir l’homologation de l’INPI depuis l’entrée en vigueur du dispositif. Elle rejoint ainsi le siège de Liffol (décembre 2016), le granit de Bretagne (janvier 2017), la porcelaine de Limoges (décembre 2017), la pierre de Bourgogne (juin 2018), le grenat de Perpignan (novembre 2018), le tapis d’Aubusson (décembre 2018), la tapisserie d’Aubusson (décembre 2018), la charentaise de Charente-Périgord (mars 2019) et les pierres marbrières de Rhône-Alpes (novembre 2019). En 2015, le dépôt d’une demande d’homologation d’une IG Savon de Marseille avait suscité un vif émoi autour d’une appellation considérée comme faisant historiquement référence à un procédé de fabrication plus qu’à une origine géographique.

« Signe officiel de qualité et d’origine, l’indication géographique assure aux consommateurs l’origine et l’authenticité des produits qu’ils achètent. Elle permet aux artisans et entreprises de valoriser leurs produits et de protéger leur savoir-faire de la concurrence déloyale et de la contrefaçon. Elle permet aussi aux collectivités locales de mettre en valeur des savoir-faire territoriaux », conclut l’INPI.