Si les gestes barrière et le lavage de mains répété ont été adoptés par une large majorité, une petite partie des Français déclare se laver moins souvent qu’avant le début du confinement, selon un sondage de l’Ifop dans étude une réalisée pour le site 24 Matins. [1] En effet, seulement 67% des Français interrogés déclarent pratiquer une « toilette complète » au quotidien en période de confinement, contre 76% auparavant, constate l’Ifop. L’institut compare ce sondage réalisé les 3 et 4 avril avec une autre enquête effectuée début février.

Hommes et séniors

« Cette absence de toilette quotidienne constitue, comme dans les précédentes enquêtes, un phénomène plutôt masculin, affectant avant tout les seniors dont les pratiques en matière d’hygiène ont été inculquées à une époque où le confort sanitaire de base (comme l’eau courante, la salle de bain, la douche...) n’était pas aussi répandu », soulignent les auteurs de l’étude.

61% des hommes déclarent en effet procéder à une toilette complète au moins une fois par jour en moyenne, contre 74% des Françaises. Et moins de la moitié (49%) des hommes de 65 ans et plus déclarent se laver entièrement tous les jours, contre 67% des jeunes de moins de 25 ans.

L’hygiène dépend aussi de la nature du confinement : ce sont les hommes vivant seuls qui adoptent la fréquence de lavage quotidienne la plus faible (49%, contre 70% des hommes vivant à quatre ou plus dans leur foyer).

Un peu moins propres, les Français confinés se changent aussi moins souvent. 68% des hommes déclarent changer quotidiennement de sous-vêtements, contre 73% avant la mise en place du confinement, alors que 91% des femmes changent de culotte tous les jours. 41% des hommes vivant seuls admettent notamment ne pas changer de slip ou de caleçon tous les jours, contre 15% des femmes.

Mouvement #nobra

Toutefois, c’est l’absence du port de sous-vêtements qui apparaît comme « la grande tendance de cette période de confinement », selon l’Ifop. La proportion de femmes ne portant jamais ou presque jamais de soutien-gorge est passée de 3% avant le confinement à 8% trois semaines après sa mise en place, surtout chez les femmes jeunes ou vivant seules.

Alliant des motivations à la fois esthétiques, sanitaires et féministes, le mouvement no bra trouve ainsi dans les conditions de vie imposées par le confinement un terreau propice à une pratique qui, si elle est assez simple à effectuer chez soi, a toujours été plus compliquée à assumer en-dehors tant la poitrine des femmes reste sexualisée. « Dans le détail, c’est d’ailleurs dans les rangs des femmes ne souffrant pas du regard des autres que cette pratique est la plus élevée : 12% des femmes vivant seules n’en portant plus, contre 5% des femmes confinées en couple avec deux enfants. Mais c’est aussi l’âge qui semble jouer en la matière : 20% des jeunes femmes confinées de moins de 25 ans ne portent pas de soutien-gorge, contre 8% des seniors de 65 ans et plus », affirme l’Ifop.

Par ailleurs, 5% des hommes disent aussi ne « jamais » porter de slip, ou « presque jamais », contre 1% en février.

Dépréciation de soi

Enfin, il est intéressant de noter que cette dégradation relative de l’hygiène corporelle et vestimentaire va de pair avec une forte baisse de l’estime de soi des femmes sur le plan physico-esthétique : seules 12% des Françaises confinées se trouvent actuellement « belles », soit presque deux fois moins que ce que l’on pouvait observer avant la mise en place du confinement (22%). Un manque d’estime de soi qui augmente chez les femmes ne se lavant pas tous les jours mais qui tient aussi, selon l’Ifop, à « une potentielle prise de poids » et, surtout, au fait que « les Françaises n’ont plus accès aux services de soins », notamment de coiffure et d’esthétique.

« Alors que la peur d’être infecté par le virus a hissé les taux d’observance en matière de lavage des mains à des niveaux inégalés, le repli social lié au confinement a favorisé un relâchement de certaines habitudes en matière d’hygiène corporelle et vestimentaire, notamment chez les personnes isolées n’ayant plus besoin de donner une bonne impression aux autres », souligne François Kraus, directeur du pôle Politique/Actualité de l’Ifop, dans un communiqué.