Ingrédients interdits

Halal est un mot arabe qui signifie ‘licite’ ou ‘légitime’, par opposition à haram qui signifie ‘interdit’. Par conséquent les produits halal (permis) sont ceux qui d’ingrédients ne contiennent pas haram (interdits). La liste des produits interdits par la loi islamique (charia) comprend le porc ou les sous-produits du porc, les animaux morts ou mourants avant l’abattage, le sang et ses sous-produits, les animaux carnivores, les oiseaux de proie, les animaux terrestres sans oreilles externes, l’éthanol…

En ce qui concerne les cosmétiques, plusieurs ingrédients peuvent poser problème aux consommateurs musulmans désireux d’étendre leur respect de la loi islamique à cette catégorie de produits. Les ingrédients éventuellement problématiques comprennent : l’allantoïne, l’ambre gris, le collagène, l’élastine, l’éthanol, la gélatine, le suif et les dérivés du suif, etc.

Selon Organic Monitor, « le label Halal a gagné en popularité au sein de l’industrie cosmétique depuis que le gouvernement malaisien a adopté la Norme sur les cosmétiques halal (MS 2200 : 2008) en juin 2010.  » Le label halal est donné aux produits cosmétiques et de soin corporels qui respectent les règles religieuses islamiques, notamment en ce qui concerne les ingrédients autorisés et interdits. Il « s’adresse aux consommateurs musulmans qui cherchent de l’intégrité et l’authenticité de leurs produits cosmétiques et de soins personnels. »

La demande croissante de l’Asie

Selon les sources et leur définition de ce qu’est un produit cosmétique halal, l’estimation des ventes annuelles mondiales de cosmétiques halal varie de 5 à 14 milliards de dollars. Selon Organic Monitor, qui ne considère que les produits bénéficiant d’une certification halal, le marché mondial peut être estimé à plus de 5 milliards de dollars.

« À l’heure actuelle, 57 organismes de certification sont autorisés à certifier les produits conformément à la norme sur les cosmétiques halal. Bien que les meilleurs taux d’adoption se rencontrent dans des pays comme la Malaisie et l’Indonésie, la certification s’installe également en Europe et en Amérique du Nord. Dans ces dernières régions, de plus en plus de consommateurs musulmans sont intéressés par les produits certifiés halal », affirme le cabinet d’études de marché.

L’Asie, qui abrite plus de 60% de la population musulmane mondiale, est l’un des premiers marchés pour les produits cosmétiques halal, avec le Moyen-Orient (en particulier l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis). « En Asie, un nombre croissant de fabricants de cosmétiques ou de leurs ingrédients font le choix de la certification halal. Les taux d’adoption les plus élevés se trouvent dans les pays musulmans où les multinationales comme Colgate-Palmolive et Avon ont lancé des produits certifiés. Les multinationales de la chimie telles que BASF et CP Kelco font également certifier des ingrédients pour ces marchés. »

Préoccupations écologiques

Toutefois, selon Organic Monitor, les produits de soins corporels halal sont plutôt faibles du point de vue écologique car, en dehors des ingrédients interdits par la charia, leurs formulations sont semblables aux cosmétiques conventionnels.

« Prenant conscience de cette situation, certaines entreprises ont commencé à formuler des cosmétiques naturels ou biologiques et certifiés halal. La marque Saaf Pure Skincare a été lancée au Royaume-Uni pour séduire les consommateurs musulmans qui recherchent des produits cosmétiques bio qui adhèrent aux principes de la charia. Les produits sont certifiés biologiques par la Soil Association et certifiés Halal par by European Halal Services. La marque développe sa présence internationale, et exporte ses produits en Europe, au Moyen-Orient et en Amérique du Nord  », souligne le cabinet d’études de marché.

Organic Monitor perçoit un potentiel élevé pour ces produits au Moyen-Orient et en Asie. Dans beaucoup de pays, le marché des cosmétiques naturels et biologiques est en croissance de plus de 20% par an. La richesse croissante des consommateurs et une information croissante sur les ingrédients cosmétiques rendent les consommateurs disposés à accepter un surcoût pour des produits cosmétiques qui répondent à leurs convictions éthiques et religieuses. Toutefois, le manque de marques locales de cosmétiques naturels et biologiques dans ces régions, constitue une lacune évidente du marché. « Un des principaux défi consiste à formuler des produits cosmétiques conformes à deux normes ou plus, ainsi que beaucoup de marques européennes l’ont découvert. »

Le potentiel des cosmétiques halal et les défis de formulation liés au développement de produits naturels et biologiques tiendront la vedette dans l’édition Asie-Pacifique du Sustainable Cosmetics Summit. Le sommet, qui se tiendra à Hong Kong du 12 au 13 novembre 2012, abordera le rôle croissant des labels (halal, naturel, organique, sans cruauté, etc.) au sein de l’industrie cosmétique asiatique.