Les plages de sable blanc de Thaïlande sont depuis longtemps une des destinations préférées de millions de touristes. Les autorités s’inquiètent toutefois des dommages que les lotions qu’ils utilisent pour se protéger du soleil tropical puissent endommager les récifs coralliens. Le Department of National Parks, Wildlife and Plant Conservation (DNP) a ainsi décidé d’interdire, dès le 4 août, dans les parcs marins nationaux l’utilisation d’écrans solaires contenant certaines substances potentiellement nocives pour les coraux.

Perturbateurs endocriniens

Les écrans solaires interdits sont ceux contenant de l’oxybenzone, de l’octinoxate, du 4-méthylbenzylidène camphre, qui sont généralement utilisés comme filtres UV, et du butylparaben, qui est utilisé comme conservateur ou comme parfum. Ces substances sont suspectées d’être des perturbateurs endocriniens et d’affecter le développement des coraux, même en faible quantité.

Selon les autorités thaïlandaises les données scientifiques disponibles montrent que ces substances « détériorent les récifs coralliens, détruisent les larves de corail, obstruent leur système reproducteur et provoquent le blanchissement des récifs coralliens ».

Si les modalités pour faire respecter cette nouvelle restriction n’ont pas encore été précisées, braver l’interdiction pourrait toutefois être sanctionné par une amende de 100.000 bahts thaïlandais (environ 3.000 dollars ou 2.530 euros).

Plusieurs précédents

La Thaïlande n’est pas le premier pays à instaurer ce type de restriction. Le 1er janvier 2020, les îles Palaos ont interdit la vente et l’importation de produits solaires contenant 11 composants jugés toxiques pour l’environnement.

En 2018, l’État d’Hawaï annonçait lui aussi son intention de bannir l’oxybenzone et l’octinoxate des lotions solaires commercialisées dans l’archipel. Cette mesure est appliquée depuis le 1er janvier 2021.

Depuis une première alerte en 2008, différentes études ont mis en avant l’impact possible de certaines substances contenues dans les crèmes solaires sur les espèces marines. Une recherche parue en 2015 montrait ainsi que l’oxybenzone pouvait être nocif pour les récifs coralliens, accélérer le blanchissement des coraux et menacer la résilience de ces derniers face au changement climatique [1].

En France, dans la cadre de la « Mission Océans » lancée en 2018, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a été chargée de réaliser « un inventaire des différentes substances chimiques présentes dans les produits de consommation comme les cosmétiques, les crèmes solaires ou les lessives et particulièrement toxiques pour les écosystèmes marins et les récifs coralliens ».

Demande des consommateurs

L’impact des écrans solaires sur les récifs coralliens est toutefois contesté par une partie des industriels, pour lesquels c’est principalement le réchauffement climatique qui est en cause dans la mauvaise santé des coraux.

Les crèmes solaires revendiquant de protéger la peau du soleil tout en préservant les océans se multiplient toutefois sur le marché. Et, pour répondre à la demande des consommateurs, l’ONG américaine Haereticus Environmental Laboratory publie, chaque année, une liste des crèmes solaires éco-responsables.