Avec des chutes d’activité « qui vont de -10% à -40% selon les secteurs sur le 1er trimestre 2009 », la tentation est grande du « chacun pour soi et Dieu pour tous ».

« Chacun a le souci, légitime, de préserver ses marges, donc d’acheter moins cher à défaut de pouvoir vendre plus cher et de financer au mieux – donc de faire financer par un tiers – les besoins nés du stockage des invendus en attendant qu’ils soient déstockés et que la machine reparte, » explique Alain Chevassus.

Alain Chevassus, président de Cosfibel

Pour le président du groupe Cosfibel, cette situation soulève principalement trois questions.

Ventes à pertes ?

Celle du maintien de l’exploitation d’abord. L’ajustement des prix de revient va moins vite que la chute des prix de vente dans la mesure où tout le monde à peur du «  manque des ventes ». Faut-il vendre à perte pour sauver l’activité ? La réponse d’Alain Chevassus est «  non, ce n’est pas l’éthique des affaires et personne n’a intérêt à un effondrement des prix de marché sinon la relance sera ratée et les investissements ne seront plus nourris par le cash-flow mais par la dette ».

Qui finance quoi ?

Vient ensuite la question des financements. «  Les méventes de nos clients, et les nôtres, créent des stocks, le besoin de les financer et le besoin de déstocker ». Pour Alain Chevassus, « l’éthique c’est que chacun soit responsable de la partie qui lui revient. Personne ne doit chercher à se faire financer par un autre maillon de la chaîne, sinon cet autre maillon ne pourra plus financer ses investissements et manquera aussi la relance ».

Par ailleurs, alors que les taux de la BCE n’ont jamais été aussi bas (1.5%), mais que les taux proposés aux PME n’ont jamais été aussi hauts (9%), Alain Chevassus pointe aussi les banques du doigt.

Prendre en compte l’avenir

Se pose enfin la question de la prise en compte du moyen et long terme. « Nous ne sortirons gagnants de cette crise que si nous en avons tiré les leçons à court terme (ajustement des prix de revient aux nécessités du marché) mais aussi à long terme : maintenance de la relation de confiance clients fournisseurs, investissements nécessaires à la réussite de la reprise et, toujours et encore, nourrir notre différenciation. »

« Nous resterons vigilants pour que nos choix s’inscrivent dans la durée et contribuent à une sérénité rapidement retrouvée, » conclut Alain Chevassus.