Un pompier arrose des arbres et des braises portées par le vent pour protéger les maisons voisines contre les feux de brousse près de la ville de Nowra dans l’État de Nouvelle-Galles du Sud en Australie. (Photo : © Saeed Khan / AFP)

Le désastre des incendies qui ont dévasté les forêts australiennes en janvier a entaché la réputation du pays comme paradis écologique. Certes, les catastrophes environnementales créées par l’homme ne sont pas une nouveauté en Australie, mais ses dernières années, le pays avait largement promu ses marques et produits - notamment cosmétiques - à base d’ingrédients naturels et biologiques, proposés dans des emballages soucieux de l’environnement. Des marques comme Aesop ont bâti leur succès mondial sur ce concept.

« Nous avons vendu l’Australie pour son air pur, son ciel clair, ses plages claires et lumineuses, ses animaux sauteurs. Malheureusement, ce que les gens ont vu (ce sont) des koalas et des kangourous cramés », explique David Beirman, Maître de conférences à l’Université de technologie de Sydney.

De fait, les incendies ont mis en avant la contribution de l’industrie minière australienne dans le réchauffement climatique mondial et surtout l’indifférence et même le déni du gouvernement vis-à-vis de ce sujet.

« Je suis fatiguée, triste, et déçue par notre gouvernement. En tant que petite entreprise basée dans les Blue Mountains, j’ai du mal à comprendre les destructions et les pertes que cette nation a subies, tout en devant veiller à ce que mon entreprise passe le cap », explique Bridget Carmady, fondatrice et directrice de Clémence Organics, une marque de soins de luxe et bio de Nouvelle-Galles du Sud.

Bien qu’elle n’ait perdu ni proches ni biens autour d’elle, Mme Carmady a dû faire face à des terrains et des clôtures incendiés, et a dû déplacer ses bureaux pour garantir la sécurité des stocks et du personnel. « Il est difficile de se plaindre de son sort alors que tant de gens ont davantage souffert ! Je veux donner et partager mais en même temps j’ai besoin de m’occuper de ma famille et de mon entreprise. Du point de vue commercial, ce fut un mois très calme »

Pour soutenir les entreprises et les villes les plus touchées par les incendies, le compte Instagram @spendwhithem a été créé par Turia Pitt, une jeune femme brûlée sur 65% de son corps après avoir été prise dans un incendie hors de contrôle alors qu’elle participait à un ultra marathon de 100 km dans l’intérieur australien en 2011.

Dans un tel contexte, des poids lourds de la beauté comme Estée Lauder, L’Oréal Australia, L’Occitane, Lush Cosmetics et Coty se sont engagés à faire don de sommes importantes pour aider le pays à se relever.

Le Groupe L’Occitane a ainsi annoncé le lancement d’un fonds destiné à répondre de manière ponctuelle aux catastrophes affectant les écosystèmes.

« Ce fonds sera financé par une campagne de dons auprès des actionnaires du groupe. Nous nous sommes engagés sur un premier fonds de soutien de 400.000 euros pour financer des projets à long terme, dont 200.000 euros seront versés immédiatement à des projets de plantation d’arbres et d’agroforesterie en Australie, dans le but d’aider à restaurer les paysages au cours de la prochaine décennie », explique Pierre Emmanuel Joffre, PDG de L’Occitane Australia à Premium Beauty News. « La Fondation L’Occitane sélectionnera les projets avec des ingénieurs agricoles du groupe et nos équipes opérationnelles dans le pays », ajoute-t-il. « L’année dernière, nous avons collaboré avec PUR Project pour financer des projets de plantation d’arbres en Australie. Cette année, nous présélectionnerons quatre partenaires potentiels au cours des prochaines semaines. Puis, nous choisirons celui le plus adapté pour atteindre les objectifs du nouveau Fonds L’Occitane. Notre objectif est de démarrer le projet d’ici fin 2020 ».

La multinationale française des cosmétiques, insiste sur le fait que cette initiative s’inscrit dans un engagement de long terme en faveur de la durabilité.

« L’Occitane s’efforce continuellement de réduire ses déchets et d’améliorer la durée de vie de ses produits. Nos premières éco-recharges ont été lancées en 2008. L’Occitane propose aujourd’hui 16 éco-recharges pour les produits les plus vendus. Elles nécessitent jusqu’à 90% de plastique en moins qu’une bouteille ordinaire, soit une réduction de plus de 214 tonnes de plastique chaque année au niveau mondial. L’Occitane entend proposer 25 éco-recharges d’ici 2022, tout en rendant ces éco-recharges recyclables d’ici 2025. Notre marque n’a jamais utilisé de sacs plastiques dans ses magasins et cela fait plus d’un an que nous avons banni l’utilisation de tout le emballage en cellophane  », souligne Pierre Emmanuel Joffre. « Par ailleurs, nous nous engageons en matière de recyclage, ce qui nous semble indispensable en vue d’une économie circulaire. En 2009, L’Occitane a lancé sa première bouteille 100% recyclée et nous sommes déterminés à ce que tous les flacons de nos produits soient en plastique PET durable d’ici 2025 ».

De nombreuses marques cosmétiques plus petites se sont engagées à soutenir les personnes touchées par les incendies qui ont balayé l’Australie : Bondi Sands, Cannabella, Evo Hair, Ecoya, Frank Body, Go-To, Hop and Cotton, Jurlique, Kevin Murphy, Kora Organics, Mecca, Nude by Nature, Ozdare, Swisse, Trilogy, The Jojoba Company, Ultraceauticals et WelleCo pour n’en citer que quelques-unes.

Mais au moment où les contradictions de la nation australienne - emblématiques de celles de nombreux pays développés - sont apparues au grand jour, l’engagement des marques est autant attendu que scruté. Dans ce domaine, toute trace de greenwashing où d’insincérité risque de produire pour son auteur un effet boomerang catastrophique.