Le Président Donald Trump a atteint une grande partie de ses objectifs en matière de droits de douane vis-à-vis de l’Union européenne. Les représentants des 27 n’ont pas su, ou pas pu, résister au chantage et ont préféré éviter l’affrontement.

Droits de 15% sur les produits européens

L’accord prévoit des droits de douane de 15% sur les exportations européennes à destination des États-Unis. Seule une courte liste de « produits stratégiques » ne sera pas soumise à ces taxes, notamment les avions et leurs pièces détachées, certains produits chimiques et certains produits agricoles.

L’enjeu était considérable avec l’échéance du 1er août qui approchait et les 1900 milliards de dollars du commerce transatlantique, soit environ 30% des échanges mondiaux, en jeu.

« Je suis 100% sûr que cet accord est meilleur qu’une guerre commerciale avec les États-Unis », a affirmé lundi le commissaire européen Maros Šefčovič, qui a négocié cet accord durant des mois avec l’administration Trump.

Si le chiffre de 15% est inférieur de moitié aux 30% dont Trump menaçait l’Union européenne, il est difficile de le présenter comme une victoire. D’autant qu’aucune contrepartie n’est exigée des États-Unis. Lorsque le Royaume-Uni a accepté des droits de douane de 10% dans le cadre de son accord commercial conclu en mai, les dirigeants européens avaient considéré ce résultat comme mauvais.

Rappelons qu’avant le déclenchement des hostilités commerciales par l’administration Trump, les produits cosmétiques et parfums échangés entre les deux zones étaient souvent exemptés de droits, ou très peu taxés. En moyenne, les produits européens, tous secteurs confondus, étaient taxés autour de 4,8%.

Quelles conséquences ?

Avec un taux de 15%, l’Union européenne est toutefois traitée à la même enseigne que le Japon, qui a conclu un accord similaire la semaine dernière. La compétitivité de la zone dépendra en partie des accords conclus par ses autres concurrents dans le domaine des cosmétiques, Corée et Chine et particulier.

À Bruxelles, on admet que le deal négocié place les industriels européens dans une moins bonne posture qu’auparavant. Tout en martelant que les alternatives — des droits de douane encore plus élevés ou l’incertitude autour de l’absence d’accord — auraient été bien pires.

« Si cet accord met fin à l’incertitude, il fait peser une menace significative sur la compétitivité de l’industrie cosmétique française », a commenté Emmanuel Guichard, délégué général de la FEBEA.

Avec près de 2,8 milliards d’euros d’exportations en 2024 (soit 12,6% des exportations françaises), les États-Unis étaient en 2024 le premier marché à l’export de la cosmétique française.

Si le détail de l’accord n’est pas encore connu, notamment concernant les exemptions sur certains produits chimiques, l’approvisionnement en matières premières, produits intermédiaires ou en emballages venus d’Europe devrait être nettement moins intéressant pour les acheteurs américains. Si les concurrents de l’Union européenne (la Chine notamment) sont soumis à des droits similaires – ou plus élevés – la détérioration de la compétitivité européenne pourrait toutefois rester mesurée. Mais dans certains cas, une production aux États-Unis pourrait redevenir intéressante.

À court terme, le consommateur américain pourrait, lui aussi, perdre quelques plumes dans l’affaire. D’autant que les droits s’ajoutent à la chute du dollar par rapport à l’euro, ce qui renchérit d’autant le coût des produits européens. Les entreprises qui importent des produits étrangers aux États-Unis peuvent être enclines à répercuter sur les consommateurs une partie ou la totalité des coûts supplémentaires.

Beaucoup dépendra donc de l’élasticité aux prix des produits cosmétiques européens. Les parfums européens de prestige et de luxe ont assez peu de concurrents fabriqués aux États-Unis. Les bons résultats récemment publiés par Interparfums semblent montrer que cette catégorie peut se montrer résilient malgré des hausses prix. C’est probablement moins vrai pour le maquillage, plus sensible au prix.