Les représentants de l’Union Européenne ont accepté dimanche 27 juillet que les produits européens exportés aux États-Unis soient taxés à 15% — contre 10% actuellement et souvent 0% avant le déclenchement de la guerre commerciale par le Président Donald Trump. Ce dernier marque ainsi un point décisif dans son projet de détricotage du multilatéralisme et du libre-échange.
Si Trump avait menacé d’appliquer des droits de 30% à compter du 1er août, en l’absence d’accord, le chiffre de 15% n’apparaît pas comme une victoire de l’Union européenne. Lorsque le Royaume-Uni a accepté des droits de douane de 10% dans le cadre de son accord commercial avec les États-Unis en mai, les dirigeants européens avaient considéré ce résultat comme mauvais.
« Les produits cosmétiques français jusqu’ici exonérés de droits de douane (0%), seront désormais taxés à hauteur de 15 % pour les exportations vers les États-Unis. Si cet accord met fin à l’incertitude, il fait peser une menace significative sur la compétitivité de l’industrie cosmétique française », a souligné Emmanuel Guichard, délégué général de la FEBEA dans un communiqué de presse.
Un marché clé pour l’industrie cosmétique
Avec près de 2,8 milliards d’euros d’exportations en 2024 (soit 12,6% des exportations françaises), les États-Unis représentent le premier marché à l’export de la cosmétique française.
À partir des données d’une étude du cabinet Asterès, la FEBEA estime que l’accord UE - États-Unis pourrait entraîner, une perte annuelle de 300 millions d’euros d’exportations et menacer jusqu’à 5000 emplois en France.
La France est le premier exportateur de parfums et cosmétiques dans le monde.En 2024, les exportations françaises ont battu un nouveau record, atteignant une valeur de 22,5 milliards d’euros soit une augmentation annuelle de +6,8%.
Mesures de compétitivité
« Pour amortir ce choc et éviter un décrochage dans un contexte de reconfiguration du commerce mondial, l’industrie cosmétique appelle à la mise en place urgente de mesures de compétitivité et de simplification en France et en Europe », ajoute Emmanuel Guichard.
Ces mesures de compétitivité et de simplification ont déjà été identifiées par les responsables de la filière. Ainsi le mardi 22 juillet, soixante-deux dirigeants de l’industrie cosmétique ont signé collectivement une tribune proposant un certain nombre de solutions concrètes en matière d’innovation, de simplification (notamment via la digitalisation de certains étiquetages), de lutte anti-contrefaçon et contre les dupes, et en faveur d’une diversification des marchés d’exportation.
« Il est primordial que les règlementations européennes et françaises ne viennent pas imposer des contraintes supplémentaires qui aggraveraient le déficit compétitif des entreprises françaises », alerte ainsi la FEBEA.
Pour Emmanuel Guichard, la place de « leader mondial » de l’industrie française des cosmétiques est « le fruit de décennies d’effort et d’investissements » qui doivent être protégés.