Bien que l'achat à partir d'applications tests ne concerne encore qu'une...

Bien que l’achat à partir d’applications tests ne concerne encore qu’une faible part de la population, le besoin de réassurance ne peut être ignoré. Photo : © Robert Kneschke / shutterstock.com

L’application QuelCosmetic assure permettre au consommateur, après lecture du code barre d’un produit, de repérer les substances indésirables de plus de 6000 cosmétiques répertoriés. Financée par l’association de consommateurs UFC Que Choisir, via son fonds de dotation, et complétée de manière participative par les utilisateurs, cette nouvelle source d’informations semble, comme ses concurrentes, répondre à une attente des consommateurs. « Nous sommes dans une société qui doute de tout, des tests, des pouvoirs publics, des entreprises. Les consommateurs veulent des tiers de confiance qui peuvent leur garantir une vraie compréhension des formules et des produits », explique Gildas Bonnel, président de l’agence de communication responsable Sidièse.

Des informations discutables ?

La démarche fait pourtant débat quant à l’objectivité et à la scientificité des informations fournies. Bien que consciente et concernée par le besoin d’informations des consommateurs, la FEBEA - le syndicat professionnel représentant les industriels des cosmétiques - pointe du doigt les failles de ces applications.

« Ces applications émettent des jugements qui ne reposent pas sur des données scientifiques. Cela peut être dénigrant et surtout faire croire au consommateur que le produit n’est pas sûr alors qu’il l’est », explique Anne Dux, directrice des affaires scientifiques et règlementaires.

Un point de vue partagé par Céline Couteau, docteur en pharmacie de l’université de Nantes et auteur du blog Regard sur les Cosmétiques, qui s’efforce d’analyser les produits cosmétiques de manière globale et scientifique. « Ne nous laissons pas déstabiliser par les bruits que nous entendons ici ou là. Nous nous offrons de vous guider et de vous faire une idée claire sur les intérêts comparés de telle ou telle catégorie de cosmétiques », précise le site.

Pour la scientifique, les informations apportées par ces applications ne reposent sur aucun fondement scientifique, ne prennent pas en compte les individualités et surtout jouent sur des peurs irrationnelles.

« Il y a une méconnaissance du sujet, des angoisses irraisonnées concernant certains ingrédients qui pour nous, en tant que pharmaciens, sont totalement inoffensifs. De plus, ce qui convient à certaines personnes ne va pas convenir à d’autres, or l’application ne fait pas de distinguo. Ce n’est pas une bonne tactique de dénigrer sans fondement la cosmétique conventionnelle. Lorsque l’on commence à faire peur aux gens, ils finissent par avoir peur de tout », commente-t-elle.

Un incontestable besoin de transparence

Partant du principe que l’ignorance est la base de tous les maux et de toutes les craintes, la nécessité d’informer le consommateur pour le rassurer est la grande conclusion du phénomène. Un constat que la FEBEA et les instances européennes ont déjà anticipé.

« Nous avons notre part de responsabilité », admet Anne Dux. « L’industrie cométique a cru que le fait d’étiqueter la composition des produits avant tous les autres secteurs, répondait de manière satisfaisante au besoin de transparence du consommateur. Mais cette liste est faite pour que le produit puisse naviguer dans le monde entier et peut surtout contenir des dénominations qui provoquent la perplexité. Il faut que l’industrie prenne note de ce besoin légitime d’information de la part du consommateur et réponde autrement à cette attente ».

Après une expérimentation en France, la Fédération travaille actuellement avec Cosmetics Europe - son homologue européen - sur des systèmes permettant une meilleure information du consommateur à partir du scan du packaging. Lancée à grande échelle dans cinq pays européens, l’expérimentation se base sur la dématérialisation d’une information objective et complète de la composition des produits cosmétiques.

Les marques impactées

Bien que l’achat à partir d’applications tests ne concerne encore qu’une faible part de la population, le besoin de réassurance ne peut être ignoré au regard de la tendance à la déconsommation. « Il est impossible de dire dans quelles mesures les marques sont touchées mais il est certain que le climat actuel privilégie les produits bio et explique sûrement en partie la contraction du marché », analyse Anne Dux.

Effectivement, d’après la dernière étude Kantar Worldpannel, le secteur hygiène beauté en France est orienté à la baisse. L’évolution des volumes passe dans le rouge à -1,5%. Le marché s’inscrit également à la baisse en valeur (-0,9 %). Un chiffre toutefois meilleur qu’en 2016, du fait d’une remontée des prix (+0,6 %). « Les gens achètent moins mais mieux, leur choix est plus qualitatif », commente Anaïs Dupuy, business development manager. Une des explications est la recherche de produits plus naturels qui passe notamment par une vigilance vis-à-vis des ingrédients qu’ils contiennent.

« Le recul de l’hygiène beauté est lié pour 78% à la cible nature, c’est-à-dire les gens qui recherchent du naturel, qui veulent agir pour préserver l’environnement. Ils vont avoir peu d’impulsion à l’achat et vont être attentifs aux ingrédients », ajoute Anaïs Dupuy.

Une autre façon pour le consommateur d’exprimer son besoin de confiance !