Premium Beauty News - Pourquoi les interactions contenant-contenu prennent-elles aujourd’hui autant d’importance en cosmétique ? On ne découvre pas le phénomène !

Benoît Persin - C’est exact, ces phénomènes ont été largement étudiés dans différents secteurs, comme l’industrie alimentaire (on parle de food contact) et l’industrie pharmaceutique. Comme je l’ai expliqué lors du petit-déjeuner organisé au mois de septembre dernier par le BeautyFull Club, le nouveau Règlement européen 1223/2009 sur les cosmétiques introduit de nouvelles notions à ce sujet. [1]

Ces phénomènes d’interactions entre le matériau de conditionnement primaire et la formule, se manifestent de différentes manières (figure 1) soit lors du processus de fabrication, de conditionnement ou soit lors du stockage. Ils peuvent avoir plusieurs conséquences, visuelles ou non, même dans des conditions normales d’utilisation : modification organoleptique de la formule ou de l’emballage primaire, modification chimique de la formulation, etc.

Les modifications liées aux interactions contenant-contenu ont donc potentiellement un impact sur la qualité, l’efficacité et l’innocuité d’un produit cosmétique. La caractérisation de l’emballage (dont sa stabilité et les impuretés et les traces techniquement inévitables.) et l’évaluation des échanges potentiels sont des paramètres clés pour démontrer que le conditionnement utilisé est sûr et n’interfère pas négativement sur la formule.

C’est bien dans cette optique que le Règlement 1223/2009 demande de prendre en compte ces informations !

Premium Beauty News - Comment procéder à cette évaluation ? Existe-t-il des normes officielles ?

Benoît Persin - Non, il n’existe pas (encore) de normes ou de protocoles d’études pour le secteur cosmétique. Toute la difficulté réside d’ailleurs ici, au vu des formules cosmétiques de plus en plus innovantes et complexes et des articles de conditionnement efficaces et attractifs.

C’est un réel challenge pour les industriels. Mais pas insurmontable, les paramètres critiques entrant en jeu dans ce phénomène d’interactions chimiques sont connus : la composition du matériau, la composition de la formule et ses propriétés, les caractéristiques physico-chimiques des composants de l’emballage, les conditions de fabrication et de remplissage, les conditions d’usage et de stockage, etc.

Premium Beauty News - Quelle est la conséquence de cette absence de normes ou lignes directrices en cosmétique ?

Benoît Persin - Les études d’interactions contenant-contenu doivent être réalisées dans des conditions spécifiques et pertinentes. Celles qu’Intertek réalise pour l’industrie sont avant tout basées sur une collaboration durable où les échanges d’informations sont essentiels afin de bien comprendre le contexte (composants, formule) et d’en délimiter correctement le périmètre. [2]

Si les connaissances des matières premières utilisées pour l’emballage (origine de la substance, processus de production, etc.) ne sont pas suffisantes, un dépistage analytique complet permet d’obtenir une bonne base dans l’objectif final d’évaluer l’impact toxicologique potentiel du matériau sur la formule.

Des solutions techniques adaptées peuvent être proposées aujourd’hui à l’industrie cosmétique pour identifier la nature du packaging (ex. copolymère recyclé…), sa pureté, sa stabilité et la présence d’éventuels composants comme les additifs, les colorants, les plastifiants, les solvants, les antioxydants, etc.

Une fois les données rassemblées, l’évaluateur de la sécurité sera en mesure de quantifier le risque potentiel. Mais encore une fois, étant donné qu’en cosmétique, il n’existe pas (encore) de lignes directrices, ces études d’interactions devraient être appréhendées au cas par cas.