Ce sont les dermatologues, notamment en France et au Royaume-Uni, qui ont sonné l’alarme au sujet d’une « épidémie d’allergies de contact » qui seraient causées par deux ingrédients, le methylisothiazolinone (MI) et un mélange de methylchloroisothiazolinone et de methylisothiazolinone (MCI/MI), utilisés comme conservateurs dans certains produits cosmétiques ainsi que dans des produits ménagers.

Hausse des allergies

Une étude dévoilée lors de la Conférence annuelle de la British Association of Dermatologists, qui s’est tenue en juillet à Liverpool, a mis en évidence une forte hausse (jusqu’à 6,2% de sensibilité) des allergies de contact au MCI/MI et au MI au cours des trois dernières années. [1]

La même situation a été présentée par une équipe de chercheurs du St John’s Institute for Dermatology de l’Hôpital St Thomas à Londres, qui ont constaté une rapide montée des allergies de contact liées au MI au cours des deux dernières années, avec un cas en 2010 et 33 cas en 2012. [2]

Selon la British Association of Dermatologists d’autres centres de dermatologie au Royaume-Uni observent une rapide augmentation du nombre de dermatites aiguës liées à l’exposition au MI. Les chercheurs britanniques soupçonnent l’utilisation récente du MI seul comme agent conservateur dans des quantités pouvant aller jusqu’à 100ppm dans les cosmétiques d’être un des principaux facteurs de cette explosion d’allergies au MI.

Demandes d’interdiction

« Les données issues des tests cutanés réalisés dans l’ensemble du Royaume-Uni, indiquent que les taux d’allergie vis-à-vis de ces deux conservateurs atteignent maintenant presque 10% - parfois plus - ce qui est clairement trop et constitue une situation inacceptable, » affirme David Orton, président de la British Society of Cutaneous Allergy. « La dernière fois qu’un conservateur a eu ce type d’effet, il a été interdit par l’UE, » a-t-il ajouté.

Dans le sillage de la publication de ces deux études, plusieurs articles dans la presse britannique ont demandé une interdiction immédiate du methylisothiazolinone.

« Il s’agit d’une question complexe et l’industrie cosmétique s’est engagée à travailler en partenariat avec les dermatologues, la communauté scientifique au sens large et les autorités réglementaires pour savoir ce que cela signifie pour la population en général et comment la situation peut être gérée plus efficacement en temps opportun. Les conservateurs sont indispensables dans de nombreux produits de consommation, y compris les cosmétiques. L’interdiction pure et simple du MI pourrait avoir des conséquences imprévisibles, donc quelle que soit l’action envisagée, elle doit être retenue sur la base de l’ensemble des faits disponibles afin de s’assurer qu’elle est la plus adaptée au cas présent,  » a commenté la Cosmetic, Toiletry and Perfumery Association (CTPA), l’organisation qui représente l’industrie des cosmétiques au Royaume-Uni.

Restriction aux produits rincés

De son côté, la Commission a proposé de modifier l’annexe V du règlement (CE) n° 1223/2009 relatif aux produits cosmétiques afin de limiter l’utilisation du mélange de methylchloroisothiazolinone et methylisothiazolinone (MCI/MI) aux produits à rincer et d’indiquer clairement que l’utilisation du mélange et celle du methylisothiazolinone (MI) seule sont incompatibles, car le rapport 3:1 du mélange en serait affecté (voir document ci-dessous). La date d’application proposée est : six mois après la date d’entrée en vigueur de la mesure pour la mise sur le marché de produits conformes et douze mois après la date d’entrée en vigueur de la mesure pour le retrait du marché des produits non conformes.

Public consultation on Methylchloroisothiazolinone and methylisothiazolinone

Les parties intéressées ont jusqu’au 8 octobre 2013 pour adresser à la Commission leurs observations sur la mesure envisagée et sur les conséquences qu’elle pourrait avoir.