En hausse de +2%, les exportations françaises de produits cosmétiques ont passé pour la première fois le seuil des 12 milliards d’euros en 2016. Photo : © Dean Drobot / shutterstock.com

L’industrie des cosmétiques reste un pilier du commerce extérieur français. En 2016, l’excédent de la balance commerciale du secteur cosmétique a atteint 9,2 milliards d’euros, plaçant ainsi les cosmétiques en seconde place après le secteur de l’aéronautique. « La cosmétique française poursuit son rayonnement international en alliant les forces d’une image de haute qualité à celles de l’innovation,  » se réjouit Patrick O’Quin, Président de la Fédération des Entreprises de la Beauté (FEBEA).

Amérique du Nord et Asie tirent la croissance

L’évolution des exportations françaises est toutefois très hétérogène selon les zones géographiques. C’est le dynamisme en Amérique du Nord et en Asie qui a compensé le ralentissement des autres zones.

Si l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie demeurent tous les quatre, dans le top 5 des pays vers lesquels la France exporte le plus, le montant des exportations a tendance à marquer le pas dans ces quatre pays.

Les exportations françaises vers les pays d’Europe hors Union européenne (-3,5%) poursuivent la baisse entamée depuis plusieurs années, notamment du fait de la chute des exportations vers la Russie (-13%) liée à la faiblesse du rouble qui a renforcé les marques locales.

Toutefois, le ralentissement en Europe est largement compensé par une croissance soutenue en Amérique du Nord. Les exportations sont en hausse vers les États-Unis (+8,5%), le Canada (+4,5%) et le Mexique (+4%).

Les exportations vers la zone Asie ont enregistré une croissance de presque 10% en 2016 avec des hausses vers la Chine (+15%), Singapour (+13%), la Corée du Sud (+18%) et le Japon (+4%). Si l’Asie avait connu une année plus difficile en 2015, on observe en 2016 une véritable reprise sur l’ensemble de la zone. « La croissance demeure soutenue en Chine malgré une règlementation peu adaptée aux innovations constantes sur ce marché,  » explique le FEBEA. Désormais, l’Asie représente 17% des exportations de produits cosmétiques français.

Faiblesse des autres zones

De leur côté, les exportations vers l’Amérique Latine (-7,2%) et le Moyen-Orient (-5,9%) ont connu une véritable baisse.

Selon la FEBEA, les baisses vers le Moyen-Orient (-18% pour Arabie Saoudite, -5,8% pour les Émirats Arabes Unis) sont liées à une réglementation en pleine évolution et de plus en plus complexe, ainsi qu’à une économie en transition du fait de la baisse du prix du pétrole.

Les exportations vers l’Afrique du Nord sont également en baisse (-3,6%), l’Égypte est la cause principale de cette baisse avec une chute des exportations de -27%, là encore du fait de la situation économique très difficile du pays.

Concurrence internationale croissante

Les soins de la peau et les parfums représentent les 3/4 des exportations françaises de produits de beauté (43,4% pour les soins et 31,3% pour les parfums). « Les marques haut de gamme sont toujours plébiscitées dans le monde entier, et les marques de pharmacie accélèrent leur pénétration, » souligne Virginie d’Enfert, Directrice des Affaires Économiques, Environnementales et Internationales de la FEBEA.

Les chiffres publiés par le FEBEA ne disent toutefois rien de l’évolution des parts de marché de l’industrie française au niveau mondial. Si les marques françaises restent très demandées dans le monde, elles doivent en effet faire face à une concurrence accrue, notamment en Asie avec l’émergence des marques coréennes, et dans la catégorie maquillage, la plus dynamique du marché mondial, avec l’explosion d’acteurs nouveaux s’appuyant sur des modes de distribution innovants.

De ce point de vue, la dernière enquête annuelle Coe-Rexecode (septembre 2016) sur la compétitivité, réalisée auprès des grands acheteurs européens, américains, japonais et chinois sur leur perception des caractéristiques des produits étrangers, notait une forte dégradation de l’image des produits d’hygiène et beauté français, notamment une augmentation très forte des prix perçus. Un problème qui affecte peu les marques de luxe mais qui peut impacter les ventes des produits plus communs.