S’il s’agissait au départ de partager de « bons plans » sur les réseaux sociaux, en identifiant parmi la masse des produits disponibles ceux qui pouvaient présenter une alternative économique à des produits plus luxueux, le mot est très vite devenu synonyme de « copie à bas prix ».

Contrairement à la contrefaçon classique, les « dupes » ne reproduisent pas les caractéristiques visuelles des produits qu’ils imitent. Ils se rapprochent en cela des « tableaux de concordance » (voir à ce sujet l’affaire Equivalenza en 2014) mais s’en distinguent car, dans le cas des dupes, le fabricant du produit litigieux ne va généralement pas publier lui-même la liste des produits équivalents de grandes marques : il va sous-traiter cette tâche à des influenceurs ou à de pseudos articles comparatifs.
Ce phénomène « plus subtil » qu’une copie pure et simple, « parfois difficile à identifier », n’est pourtant pas autre chose que « de la contrefaçon », tranche la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA).
Jeunes consommateurs en quête de produits accessibles
Portés principalement par les réseaux sociaux et les plateformes de e-commerce, les produits cosmétiques dits « dupes » connaissent un succès croissant auprès des jeunes consommateurs. Le phénomène toucherait toutes les catégories de produits : parfums, bien sûr, mais aussi maquillages et soins.
Selon une étude C-Ways menée pour la FEBEA en mars 2025, près d’un tiers (31%) des consommateurs français déclarent avoir acheté un dupe de produit cosmétique au cours des 12 derniers mois. La même étude montre une forte hausse des recherches sur les dupes sur les quatre dernières années avec des pics autour de la période de Noël. Pour la FEBEA, cette forte hausse coïncide avec la percée de TikTok pendant la pandémie de Covid-19 et la forte inflation en 2023.
Le dupe apparaît ainsi clairement comme un moyen plus accessible d’accéder à des produits convoités. Mais pour la FEBEA, l’accessibilité ne doit pas passer par des pratiques trompeuses, car des options légales et sûres sont toujours disponibles. « Des marques françaises accessibles ont toujours existé, d’autres innovent – nouveaux formats, flacons rechargeables, concentrations plus légères – pour proposer des parfums de qualité à des prix moindres », souligne-t-elle.
Produits non conformes
Souvent fabriqués à bas coût en Asie, en méconnaissance des exigences règlementaires européennes, ces produits sont parfois distribués en direct aux consommateurs par colis individuels expédiés par des plateformes d’e-commerce hors-Union européenne (Temu, Shein, Ali express, etc.).
Selon la FEBEA, des contrôles menés par les autorités françaises ont conduit à plusieurs rappels de produits vendus par Temu contenant des substances interdites ou à des niveaux de concentrations largement supérieures aux normes de sécurité sanitaire.
« Ces produits peuvent contenir des ingrédients toxiques et des allergènes non déclarés qui présentent une réelle menace pour les consommateurs. Il est urgent de mieux encadrer et d’alerter le public sur les dangers des dupes », alerte Emmanuel Guichard, Délégué général de la FEBEA.
« Derrière l’image d’un ‘bon plan’ à petit prix se cache une réalité préoccupante : ces produits représentent un risque majeur pour la santé et la sécurité des utilisateurs, sans parler des atteintes à la propriété intellectuelle et au processus créatif propre à notre filière d’excellence. Pour l’industrie cosmétique française, les dupes détournent la valeur générée par l’investissement en R&D, affaiblissent les chaînes de valeur, et banalisent une logique de reproduction de produits à moindre coût », explique le syndicat professionnel.
La FEBEA appelle donc à une mobilisation de l’ensemble de l’écosystème – marques, plateformes, pouvoirs publics, influenceurs et consommateurs – pour alerter sur la réalité et les dangers de ce phénomène.