Dans un courrier envoyé jeudi 19 mars à ses fournisseurs, et que Premium Beauty News a pu lire, la direction du Printemps annonçait sa décision de « suspendre le paiement de la totalité de (ses) encours fournisseurs ». Le détaillant justifiait sa décision par une « situation économique et financière sans précédent, à la fois exceptionnelle, irréversible » liée à la fermeture contrainte de ses magasins dans la cadre de la lutte contre la propagation du Covid-19, et « sans possibilité de pouvoir anticiper une date de reprise normale de l’activité ».

Lundi 23 mars, le Ministère de l’économie a annoncé la création d’un comité́ de crise pour faire face à la dégradation des délais de paiement. (Photo : © Alexandros Michailidis : shutter stock.com)

Une annonce en complète contradiction avec les recommandations du gouvernement et avec les engagements des organisations patronales et de grands groupes, soucieux de ne pas aggraver les tensions sur les trésoreries des acteurs économiques. Dans le cadre de son « plan européen de solidarité pour soutenir la lutte contre le coronavirus de l’ensemble des acteurs » annoncé en début de semaine, le groupe L’Oréal s’était ainsi engagé à soutenir ses fournisseurs les plus fragiles, en anticipant les délais de paiement pour les plus exposés d’entre eux, et en systématisant le règlement comptant. L’exact contraire de l’attitude du Printemps.

Sur le réseau professionnel LinkedIn, l’attitude du Printemps suscitait un véritable tollé. Et devant l’Assemblée nationale, lors de la présentation du projet de loi de finances rectificative, le Ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, annonçait : « Certaines entreprises s’estiment exonérées du paiement de leur facture à cause de la crise sanitaire que nous vivons. C’est inacceptable et c’est dangereux pour des milliers de petites et moyennes entreprises prestataires. Les délais de paiement entre entreprises ne doivent pas augmenter. J’ai demandé à la DGCCRF de veiller au respect de ces règles ».

Dans la foulée, le ministre annonçait sur Twitter avoir obtenu l’engagement de la direction du Printemps qu’elle tiendrait ses engagements à l’égard de ses fournisseurs et respecterai les délais de paiement, conformément à la loi.

Finalement, un second courrier daté du 21 mars parvenait finalement aux fournisseurs du Printemps, les informant que la suspension des paiements n’était que provisoire, « le temps nécessaire pour définir le plan d’actions qui doit nous permettre de faire face à la fermeture temporaire de nos magasins, tout en respectant nos engagements ».

Interrogé vendredi sur ce sujet par Premium Beauty News, Patrick O’Quin président de la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA), nous indiquait par ailleurs que le MEDEF avait adressé un courrier à ses adhérents pour éviter ces comportements.

Finalement, lundi 23 mars, le Ministère de l’Économie annonçait finalement la mise en place, avec la Banque de France, d’un comité́ de crise face à la dégradation des délais de paiement. « Le comité de crise permettra de traiter en temps réel les cas les plus graves de détérioration du crédit inter-entreprises et d’encourager, au travers de leurs représentants, les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs à fluidifier leurs relations commerciales, en veillant à la santé des petites et moyennes entreprises, plus fragiles en général que les grandes entreprises sur l’état de leur trésorerie » ont expliqué Bruno Le Maire, et François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France.