« Il faut relativiser » déclare Sébastien Roy, responsable R&D de Bougies La Française, « la presse s’est emparée de cette annonce de manière très alarmiste mais on ne sait pas encore quelles orientations vont être prises ». D’une manière générale, chacun se dit confiant et salue une initiative qui pour améliorer la qualité de l’air intérieur pourrait aussi améliorer l’offre. De concert, Audrey Haupt, responsable marketing de Terre d’Oc et Guilhem Rousseau, fondateur de Manufacture Française de Bougies, assurent que « c’est une bonne chose qu’il y ait une demande de clarté, notamment sur les produits d’importation ».

À quoi peut on s’attendre ?

La réglementation française pourrait s’appuyer sur les travaux européens en matière d’étiquetage et de normalisation, selon Sébastien Roy. D’ici 2 à 3 ans, certaines normes établies en 2007 à titre indicatif pourraient devenir obligatoires. Outre ces normes liées à la quantification des fumées, à la sécurité inflammatoire et à l’étiquetage, un projet de normalisation des méthodes d’analyses est un cours. Selon Sébastien Roy, « la vraie question, c’est la méthodologie, comment faire l’analyse d’une bougie sachant que les variations de combustion peuvent altérer les résultats ? comment extrapoler en fonction des différents paramètres (taille de la pièce, niveau d’aération, temps d’utilisation … ) ? Ce projet a pour but d’universaliser la méthode d’analyse, les valeurs seuils seront ensuite laissées au libre arbitre de chaque pays  ».

Les hypothétiques valeurs seuils d’émission de benzène imposées par les instances françaises ne semblent pas inquiéter les fabricants. « Sur les bougies, selon les analyses en vigueur, nous sommes bien en deçà des valeurs recommandées par l’OMS,  » précise Sébastien Roy, « nous nous équipons en permanence pour améliorer nos tests et rester dans la qualité » ajoute Julien Pruvost, directeur exécutif de CIR. Même son de cloche chez Terre d’Oc qui a mené pendant deux ans avec Nature & Découvertes, une étude destinée à mesurer l’impact de ses bougies en conditions réelles dans la maison témoin MARIA du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), pour finalement conclure à des résultats inférieurs aux valeurs à risque.

Côté compositions olfactives, Carla Romagosa, responsable marketing de la société suisse Cosmo Fragrances International, constate ne pas avoir eu de demandes particulières de la part de ses clients.

Un marché étincelant

Une mise aux normes qui ne devrait donc pas freiner la belle progression (+ 15% par an depuis 1995) des ventes de bougies parfumées haut de gamme. « La bougie de luxe est en train d’acquérir ses lettres de noblesse, les marques de parfum réalisent que c’est un vecteur d’image qui peut générer du chiffre d’affaires, » explique Julien Pruvost.

Si l’Europe, et principalement la France et l’Angleterre, représente environ la moitié du marché, l’Asie prend une part croissante des commandes avec une exigence de qualité sans compromis. « C’est surtout le Japon qui tire les ventes mais il y a paradoxalement en Chine une prise de conscience des problématiques liées à la qualité de l’air chez les consommateurs qui recherchent une bonne facture, » note Guilhem Rousseau.

Il faudra attendre le printemps 2014 pour connaître la teneur de la nouvelle réglementation qui devrait alors rassurer les consommateurs français, et conforter les clients asiatiques.