Passer des modèles linéaires au modèles circulaires

Plusieurs intervenants ont appelé à un changement radical dans la conception des produits cosmétiques. Selon eux, les cosmétiques devraient être créés de manière à ce que leurs emballages puissent être réutilisés ou recyclés en fin de vie.

Pour Eric Kawabata de TerraCycle le problème est que jusqu’à présent la plupart des biens de consommation étaient conçus pour un usage unique, avec des emballages destinés à l’enfouissement ou à l’incinération en fin de vie. TerraCycle cherche à rompre ce processus en collectant les déchets d’emballages pour créer de nouveaux produits et a déjà noué des partenariats avec Garnier, Colgate-Palmolive et P&G.

Un nombre croissant d’ingrédients naturels

Selon Alain Khaiat de Seers Consulting, une large gamme d’ingrédients fonctionnels est maintenant disponible pour créer des produits de soin de la peau naturels, avec notamment des hydratants, des modificateurs de rhéologie, des émulsifiants, des tensioactifs et des émollients. Toutefois, pour Barbara Olioso du Green Chemist Consultancy, l’utilisation de ces ingrédients naturels pose des problèmes de formulation en matière de stabilité et de performance.

La classification des ingrédients naturels et biologiques reste une question épineuse. Pour cette raison, DSM a comparé les cahiers des charges des programmes certification les plus courants avec la norme ISO 16128 pour dégager trois catégories principales : certifié biologique, naturel et d’origine naturelle.

Sourcing durable

Les consommateurs posent de plus en plus de questions sur les origines, les méthodes d’extraction et de traitement des matières premières cosmétiques. Les matériaux agricoles, tels que l’huile de palme, sont déjà sous pression avec des exigences fortes de durabilité.

Des études de cas ont présenté la manière d’améliorer la durabilité des chaînes d’approvisionnement :

 Kurt L Nübling, PDG et fondateur de PrimaveraLife, a présenté en détail ses projets d’approvisionnement éthique en huiles essentielles biologiques.
 Temuulen Murun de Shiseido a soulevé la question du mica minéral : 75% de l’offre mondiale provient du nord-est de l’Inde, où l’on suspecte des problèmes en matière de travail des enfants. Bien que seulement 18% du mica soit destiné à l’industrie des cosmétiques, environ 20 entreprises du secteur ont adhéré à l’initiative Responsible Mica.

Traçabilité et objectifs de développement durable (ODD)

Matthias Lergenmüller de Merck a montré comment les chaînes d’approvisionnement en ingrédients cosmétiques peuvent être liées aux ODD. Selon lui, la traçabilité peut aider les entreprises à minimiser les risques environnementaux, sociaux et sanitaires dans leurs chaînes d’approvisionnement.

Pléthore de labels éthiques

Les programmes de certification de la durabilité et du respect de normes éthiques continuent de gagner en popularité, avec un nombre croissant de produits arborant des symboles et des logos destinés à rassurer les consommateurs. Amarjit Sahota, fondateur et président d’Ecovia Intelligence, estime que l’industrie des cosmétiques évolue dans le même sens que l’industrie alimentaire, où il existe plus de 200 types de labels éthiques différents.

En ce qui concerne la certification Halal, Fabrice Guillemard de DSM pense que la plupart des prospects sont en Asie, une région qui abrite 1,5 milliards de musulmans. En effet, au cours de l’année dernière, les trois quarts des lancements de produits cosmétiques Halal ont eu lieu dans la zone Asie-Pacifique. L’Indonésie et l’Inde sont considérées comme ayant le plus de potentiel.

Vers des produits plus innovants

Steven Ko, fondateur et président de la marque taïwanaise Hair O ’Right, a expliqué comment la société élabore des produits contenant des ingrédients naturels, tels que des cosses de café et des racines de baies de goji.

Matthieu Erre a expliqué comment Yves Rocher fusionne durabilité et innovation. La marque a lancé des gels de douche et des shampooings concentrés et des produits cosmétiques éco-conçus. De son côté, la société slovène Hemptouch a détaillé les qualités thérapeutiques de ses produits de soin de la peau à base de cannabis.

Vers le zéro déchet

La plupart des marques cosmétiques ont intégré l’efficacité de l’utilisation des ressources dans leurs programmes de développement durable.

Certains, comme P&G, sont allés plus loin en fixant des objectifs de zéro déchet. Jacques Euler, Sustainability Program Leader de la division Beauty Manufacturing, indique que le groupe est sur le point d’atteindre son objectif d’une production ne générant aucun déchet mis en décharge d’ici 2020. Parmi les principaux défis en la matière : les réglementations et la capacité à trouver les bons partenaires en matière de déchets.

S’attaquer au plastique océanique

La question du plastique océanique a été soulevée à plusieurs reprises. Kenny Harmel, cofondateur de Galileo Watermark, a déclaré que sa société avait été contrainte de trouver une solution après avoir compris qu’un tiers de tous les emballages plastiques finissent dans l’océan. Galileo Watermark a été la première entreprise à lancer un produit cosmétique avec un emballage en plastique recyclé. Depuis le lancement d’OCN Cosmetics en décembre 2017, plusieurs sociétés ont commencé à utiliser le plastique océanique, notamment P&G (bouteille Head & Shoulders fabriquée à partir de plastique récolté sur les plages), REN Clean Skincare et Henkel.

Nouveaux ingrédients verts

De nombreux ingrédients cosmétiques écologiques et innovants ont été présentés lors des deux sommets. Clariant a présenté Genadvance son produit durable pour le conditionnement des cheveux. Covestro a présenté Baycusan, un polyuréthane durable pour cosmétiques. DuPont a présenté GENENCARE OSMS BA, dérivé de production de la betterave à sucre. Roelmi HPC a présenté Celus-Bi comme alternative durable aux billes de polyéthylène.

Biotechnologies végétales

De nouveaux actifs issus des biotechnologies végétales sont en cours de développement pour les applications cosmétiques. Elodie Mauger a ainsi montré comment Mibelle Biochemistry avait créé MossCellTec à partir de mousse produite de manière biotechnologique. Selon Anna Holefors, fondatrice et directrice générale de In Vitro Plant-Tech, la culture de cellules végétales permet de produire des actifs sur mesure pour l’industrie cosmétique. Il y a aussi des avantages en termes de durabilité puisque cette technologie n’épuise pas les ressources végétales.

Prochaines éditions du Sustainable Cosmetics Summit :

Sustainable Cosmetics Summit North America, du 8 au 10 2019 mai à New York
Sustainable Cosmetics Summit Europe du 4 au 6 novembre 2019 à Paris