Une plainte a été déposée au Royaume-Uni contre le géant pharmaceutique Johnson & Johnson (J&J) et son ancienne division de produits grand public Kenvue, déjà visés par des procédures aux États-Unis, dans une affaire de talc suspecté de contenir de l’amiante et d’avoir provoqué des cancers, a indiqué jeudi 16 octobre le cabinet représentant les plaignants.

Selon le cabinet KP Law, qui a déposé la plainte devant la Haute Cour de Londres et dit représenter plus de 3.000 plaignants, le montant du dédommagement réclamé pourrait s’élever "à plus d’un milliard de livres" (1,15 milliard d’euros).

Cette réclamation, "qui couvre la période de 1965 à 2023, détaille comment Johnson & Johnson savait que ses produits à base de talc contenaient des fibres cancérigènes, y compris de l’amiante, depuis plus de cinquante ans et a choisi de les maintenir sur le marché", écrit KP Law dans un communiqué.

Les utilisateurs du produit visé, retiré du marché britannique en 2023, soit trois ans après les États-Unis et le Canada, ont selon lui développé différents types de cancer, notamment de la plèvre, du péritoine et des ovaires.

Contacté par l’AFP, Johnson & Johnson estime que son ancienne division de santé grand public, séparée en 2023 sous le nom de Kenvue, a hérité de "toute obligation présumée relative aux litiges liés au talc en dehors des États-Unis et du Canada".

Un porte-parole de Kenvue a lui assuré que "des années de tests effectués par des laboratoires indépendants et de renom, des universités et des autorités sanitaires au Royaume-Uni et dans le monde entier" permettent d’assurer que le produit est sûr, "ne contient pas d’amiante et ne provoque pas de cancer".

La justice américaine a rejeté en avril une offre de Johnson & Johnson, qui proposait, sans reconnaître sa responsabilité, de verser quelque 8 milliards de dollars sur vingt-cinq ans pour éteindre 90.000 plaintes civiles aux États-Unis liées à des problèmes ovariens (99,75% des plaintes actuelles).

Le talc est classé depuis juillet 2024 comme probablement cancérogène par l’agence pour le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Une synthèse d’études publiée en janvier 2020 et portant sur 250.000 femmes aux États-Unis n’avait cependant pas trouvé de lien statistique entre l’usage de talc sur les parties génitales et le risque de cancer des ovaires.