Cette "deuxième peau", un polymère à base de silicone, s’applique en une couche fine et invisible qui redonne à l’épiderme les propriétés mécaniques et l’élasticité d’une peau jeune pendant une durée pouvant aller jusqu’à 24 heures, affirme l’équipe du Massachusetts Institute of Technology (MIT) General Hospital, à Boston.

Cacher les cernes à l’aide d’un polymère élastique ? Photo : © MJTH / shutterstock.com

« C’est une couche invisible qui peut servir de barrière et apporter des améliorations cosmétiques  », explique Daniel Anderson, professeur associé au MIT, un des auteurs des travaux publiés dans la revue Nature Materials [1]. « Il sera aussi possible de l’utiliser pour appliquer des traitements locaux  ».

Ces trois propriétés pourraient rendre le produit très performant pour cacher les rides ou des cernes sous les yeux, assure M. Anderson, dont l’équipe a commencé à se pencher sur ce type de polymères il y a plusieurs années.

Le traitement s’applique en deux temps : on passe d’abord un premier gel sur la peau, qui s’étale comme une crème, avant d’appliquer un second produit, qui transforme alors la première couche et lui donne les propriétés recherchées. La combinaison de ces deux produits retend la peau, tout en lui laissant une étonnante élasticité et sans l’empêcher de respirer. Le produit résiste à l’eau et même à un lavage avec du savon, et les premières études n’ont montré aucun effet secondaire, indiquent les chercheurs.

« Créer un matériau qui se comporte comme de la peau est extrêmement difficile  », souligne Barbara Gilchrest, dermatologue qui a elle aussi participé à l’élaboration de ce nouveau produit. « Beaucoup de gens ont essayé mais les matériaux découverts jusqu’à aujourd’hui n’avaient pas ces propriétés de flexibilité, n’étaient pas confortables ou étaient irritants. Aucun matériau n’avait la propriété de suivre le mouvement de la peau tout en retournant à sa forme d’origine ».

Les scientifiques ont créé un catalogue d’une centaine de polymères avant de tester de multiples combinaisons et de trouver celle recréant le mieux l’apparence, la force et l’élasticité d’une peau en bonne santé.

« Il faut que ça ait les bonnes propriétés optiques, sinon ça ne rend pas bien, et il faut les bonnes propriétés mécaniques, sinon ça ne marchera pas correctement  », indique encore Robert Langer, un des principaux auteurs.

Outre les vertus cosmétiques de ce produit, il sera probablement très efficace pour traiter l’eczéma ou le psoriasis, deux maladies qui assèchent la peau : les premières études montrent en effet qu’il est très performant pour prévenir la perte en eau de l’épiderme.

On ne sait pas encore si et quand ce produit sera mis sur le marché. Les laboratoires Olivo, associés au MIT pour le développement de cette « deuxième peau », ont précisé vouloir se concentrer sur l’aspect thérapeutique avant tout. Ils espèrent recueillir des données cliniques dans le courant de l’année prochaine.