Jusqu’à présent, les parfumeurs ne disposaient guère d’autres moyens que le secret pour protéger leurs créations, non couvertes par le droit de la propriété intellectuelle. Une protection rendue assez illusoire par le perfectionnement croissant des technologies d’analyse, notamment la chromatographie en phase gazeuse, permettant d’afficher rapidement la composition chimique d’une formule.

Pourtant, la création d’un parfum original est un processus long et minutieux qui nécessite différents savoir-faire, beaucoup de temps, et de très nombreux essais. Le processus est coûteux et les contrefacteurs - nombreux dans l’industrie du luxe - s’épargnent cet investissement en piratant le travail des créateurs. Résultat : parfums et cosmétiques sont parmi les produits les plus contrefaits au monde ! À l’échelle européenne, les saisies des parfums et des cosmétiques contrefaits représentent ainsi près de 10 milliards d’euros, soit 10% du marché des produits cosmétiques [1].

Une base incolore et inodore

Pour protéger le travail créatif de ses parfumeurs et l’investissement de ses clients, Symrise a initié dès 2018 un programme de protection de ses parfums reposant sur le brouillage de l’analyse chromatographique des ingrédients composant les formules.

Mise au point par l’équipe R&D en concertation avec les parfumeurs Symrise, cette technologie repose sur une base universelle innovante, incolore et inodore, qui permet de garantir l’unicité du parfum dans lequel elle est utilisée. Elle contient un mélange de matières premières spécifiques, présentant une excellente résistance aux UV et stabilité à la température, capables d’induire une large gamme d’interférences pendant l’analyse par chromatographie en phase gazeuse. En brouillant la quantification et l’identification de certaines matières premières contenues dans la formule, elle rend la recréation à l’identique beaucoup plus difficile.

45 formules déjà testées

Finalisée en 2019, la tecnologie Cryptosym a déjà été appliquée sur 45 formules élaborées par Symrise dans différentes familles olfactives.

Les analyses par chromatographie ont montré que sur 133 ingrédients testés, aussi bien naturels que de synthèse, la technologie induit une différence dans l’analyse pour 118 d’entre eux : 93 sont difficiles à quantifier, 25 difficiles à identifier.

Au final, selon Symrise, 40% des matières premières testées sont affectées par Cryptosym et 29% d’entre elles peuvent être entièrement « cryptées » par cette technologie.

« Cryptosym est une révolution dans le secteur car jusque-là rien n’avait encore été développé pour protéger la propriété intellectuelle de la créativité du parfumeur », souligne Aliénor Massenet, parfumeur senior chez Symrise. « Avec Cryptosym, copier un parfum est désormais plus difficile, le processus est beaucoup plus long et sans garantie aucune de trouver ce petit plus qui fait toute la différence entre un succès et une simple reproduction »

À ce jour, Symrise poursuit ses études afin de collecter d’avantage de données mais propose d’ores et déjà cette technologie en option à ses clients