Dans le dédale des émotions
Les maisons de composition continuent d’explorer la dimension émotionnelle du parfum. dsm-firmenich a présenté Mind Nose + Matter, une plateforme de création exclusive dédiée à l’avenir du parfum. L’outil se nourrit de données sur les consommateurs, de tendances socioculturelles et s’appuie sur la créativité des parfumeurs de la maison de composition. Au-delà de la fragrance, facteur majeur du choix d’un parfum, dsm-firmenich a souhaité souligner l’impact du parfum sur nos émotions via une vingtaine de pistes olfactives. « L’expérience Mind Nose + Matter 2024 met en lumière le rôle que peut jouer le parfum pour nous aider à traverser différents moments de vie », explique Justin Welch, Global Marketing Director Fine Fragrance.
Outre son programme Science and Wellness, IFF présentait de son côté un Arbre à Emotions, expérience synesthésique entre odeurs et couleurs, ainsi que l’espace Scent, Sound and Visual, une cabine conçue en partenariat avec Ircam Amplify, pour une expérience immersive, aux effets énergisants le matin et relaxants l’après-midi.
Revisiter le naturel par des procédés modernes
Cette année encore, les ingrédients naturels étaient à l’honneur, souvent sous la forme de matières classiques de la parfumerie auxquelles une nouvelle origine, un sourcing plus responsable ou une nouvelle méthode d’extraction apportent un nouveau lustre.
C’était notamment le cas de la gamme LMR Naturals by IFF, enrichie cette année de trois agrumes mexicains « traçables à la source », trois essences — pamplemousse rose, pamplemousse blanc et lime — au rendu très proche du fruit à l’état naturel. À cela s’ajoutait un bourgeon de cassis certifié For Life, sourcé et produit en France, et résultant d’une extraction au CO2 supercritique. L’huile essentielle est moins soufrée que d’ordinaire, plus fruitée.
Mane a profité du salon pour dévoiler de nouveaux naturels. Citons notamment un Pure Jungle Essence de benjoin du Siam, fruit d’un partenariat au Vietnam. Cet absolu de benjoin (extraction au CO2 supercritique) se révèle très vanillé, un atout au vu de la hausse du prix de la gousse. La maison de composition propose aussi un E-Pure Jungle Essence de jasmin Sambac, issu de l’enfleurage, (une technique ancienne, aujourd’hui réalisée à l’aide de cires végétales). Ce procédé révèle une fragrance fidèle au rendu naturel de la fleur : lumineuse, fruitée, moins animale. Enfin, parce que le naturel résulte aussi de la biochimie, place à l’antillone, une molécule naturelle aux facettes de poire verte et d’ananas, à l’effet pulpeux. Un captif Mane 100% naturel, renouvelable et biodégradable.
Du côté des hespéridés, la société italienne Capua a présenté une fleur de bergamote et une fleur de mandarine, deux infusions de la fleur diluée dans de l’huile essentielle du fruit, décolorée et sans furocoumarines.
Regard renouvelé sur les naturels également avec les sept fournisseurs réunis par l’agence Resperfuma au sein du Naturals Corner. Agroforex, Enio Bonchev, Jacarandas, Jasmine CE.Pvt.Ltd., Nelixia, SCA3P, Verger ont mis en avant leurs efforts pour créer et maintenir des filières responsables offrant une qualité irréprochable, ainsi que des perspectives de revenus intéressantes pour les producteurs, dans le respect des écosystèmes.
De nouveaux ingrédients naturels
Si Symrise présentait de beaux extraits produits par Maison Lautier 1795, la maison de composition a aussi dévoilé un inédit de la palette du parfumeur : un extrait “super nature” (extraction puis re-extraction) de bolet jaune (Boletus auripes), aux facettes terreuses, umami, et salées.
Parmi les ingrédients inédits, citons également l’absolu de rose Lani chez Mane, cultivée en Moldavie. Un hybride de roses Damascena, Alba et Galica, à l’effet pétalé, fruité et légèrement liquoreux. Mais aussi l’huile essentielle de petit-grain feuille de citronnier chez Cosmo International Fragrances. L’essence de petit-grain n’est pas nouvelle, mais provient habituellement du bigaradier et offre des nuances amères, vertes et terreuses. Cette huile essentielle déploie quant à elle des tonalités vives, acidulées et pétillantes.
Synarome, la branche ingrédients du groupe Sozio, a présenté une série de molécules à fort impact, à utiliser en petites dose (moins de 1%), notamment le Benzoin Laos Matured Resinoid, un benjoin maturé pour augmenter fortement son taux de vanilline, et l’Anisyl Nitrile, une alternative au benzaldehyde ou à la coumarine, pour des notes amandes, lila, mimosa…
Enfin, Australian Native Products a dévoilé lors du salon une huile essentielle de myrte citronnée. Un ingrédient aux effets herbacés et citronnés pouvant évoquer la verveine, qui pourrait offrir une alternative à certains ingrédients naturels bannis par les réglementations.
Des captifs désormais disponibles sur le marché
Les captifs sont des molécules issues de la recherche, exclusives aux maisons de composition mais qui, après un certain temps, peuvent être mises à disposition d’autres sociétés ou parfumeurs.
C’est le cas du Nympheal, libéré cette année par Givaudan. Une molécule aux effets de muguet frais et opulent, qui offre du volume, une texture onctueuse et une excellente diffusion aux formules. Celle-ci permet notamment de ciseler un accord muguet sans avoir recours au Lyral, molécule aujourd’hui bannie par l’IFRA.
Parmi les autres molécules désormais disponibles on notera l’Algix 100% de Synarome, pour les notes aqueuses, ainsi que l’Ylanganate, un captif d’IFF créé en 2010. Sa tonalité florale et solaire offre de l’éclat et de la puissance aux fleurs blanches, et permet elle aussi de contourner certaines contraintes réglementaires.
De son côté, Symrise a extrait de son Magnolan — une molécule aux tonalités zestées, florales, fruitées — le Néomagnolan un isomère à l’effet plus moderne et aérien, désormais mis à disposition d’autres parfumeurs ou maisons de composition.
Le lieu et les dates du WPC 2026 ne sont pas encore connues mais devraient être annoncés prochainement : restez à l’écoute !