La génomique personnalisée et l’épigénétique étaient au centre de la 28e édition des Journées européennes de democosmétologie

En introduction de ce congrès qui a rassemblé un large public à l’École Normale Supérieure de Lyon, le professeur Pierre-Henri Gouyon rappelle « qu’il n’existe aucun effet des gènes hors d’un environnement donné. L’information génétique est immatérielle et on ne peut voir l’effet des gènes que dans l’environnement dans lequel on les regarde  ». L’épigénétique prend alors tout son sens.

Régulateurs des gènes et épigénétique

Parmi les régulateurs des gènes les microARN, découverts en 1993 chez le nématode, font aujourd’hui l’objet de nombreuses études. « À ce jour, plus de 2600 séquences microARN ont été décrites chez l’homme », précise Le Pr Jérôme Lamartine. Au niveau de la peau, le chercheur a mis en avant le rôle du Mir-203 comme régulateur de la transition entre prolifération et différenciation dans l’épiderme humain.

Les LncRNAs, les ARN longs non codants font aussi parti des régulateurs clefs dans l’expression des gènes. Des récents travaux menés par le Dr Markus Kretz de l’Université de Regensburg en Allemagne ont montré un intérêt des LncRNAs dans la régulation de l’homéostasie cutanée.

D’une manière plus concrète, selon une étude menée par Clarins, les changements météorologiques que nous subissons de façon quotidienne peuvent agir sur la régulation des gènes. « Nous avons mené une vaste étude sur l’impact des variations météorologiques courtes et répétées sur la différenciation et le remodelage matriciel d’un modèle humain de peau reconstruite. Les résultats montrent une réduction significative de l’expression des gènes codant pour divers collagènes, laminines, protéoglycanes suggérant un remodelage profond de la matrice extracellulaire  », présente Christelle Guéré de Clarins.

Génomique personnalisée

Va-t-on se diriger vers une cosmétique personnalisée et basée sur des analyses génomiques ?

Les 28e Journées européennes de democosmétologie se sont tenues les 30 et 31 janvier 2017 à Lyon, France

Pour Philippe Benech de Genex « si l’identification des gènes impliqués dans des pathologies ou dans le vieillissement bénéficient des avances récentes en génomique et bioinformatique, la compréhension fonctionnelle des mécanismes responsables reste encore un défi majeur car la fonction d’un gène donné peut varier selon le contexte  ». La société Genex a développé son propre logiciel de big data PredictSearch, une sorte d’hybride entre Google et Medline pour réaliser des analyses biofonctionnelles des gènes.

En France, l’examen génétique ne peut être réalisé qu’à des fins médicales, judiciaires ou de recherche scientifique. Par contre, aux États-Unis mais aussi en Norvège et en Suède, des sociétés de cosmétique proposent des produits sur mesure élaborés en fonction d’analyses ADN du client.

Réelle avancée scientifique ou argument marketing, il est peut-être encore trop tôt pour le savoir …