Premium Beauty News - Comment se porte l’association Slow Cosmétique ?

Julien Kaibeck - Avant de dresser un bilan de l’état de l’association, j’aimerais la recontextualiser. L’association Slow Cosmétique (www.slow-cosmetique.org) est une association sans but lucratif regroupant des bénévoles, coordinateurs et membres actifs, tous acteurs d’une cosmétique plus saine et plus authentique. Le Label Slow Cosmétique est, quant à lui, une marque déposée et gérée par notre association. Enfin, la marketplace slow-cosmetique.com est un partenaire commercial qui distribue les produits des marques que nous labellisons.

Malgré la conjoncture, l’association se porte bien et labellise toujours plus de marques. D’autre part, nous recevons entre trois et dix demandes de labélisation par semaine, ce qui est en nette progression. Pour moi, cette augmentation s’explique par différents points. Tout d’abord, le label est connu et reconnu des marques de cosmétiques naturelles qui se passent le mot. Depuis quelques années, elles sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses. Depuis la pandémie de la Covid-19, on assiste à un phénomène « d’atomisation », où d’anciens cadres du réglementaire, de la chimie ou de la pharmacie se lancent dans la création de cosmétiques naturels et minimalistes.

Par ailleurs, notre cahier des charges est exigeant et les marques qui partagent nos valeurs sont soucieuses de notre accompagnement. Plusieurs d’entre elles nous sollicitent en amont de leur développement de produit afin de travailler en collaboration avec nous et d’être certaines d’être en conformité avec le référentiel. Pour rappel, contrairement à d’autres labels, nous ne labellisons pas un produit mais l’entièreté de la gamme de la marque.

Premium Beauty News - Vous avez organisé, pour la première fois, le 28 mars dernier, une journée d’échanges réservée aux professionnels du secteur de la cosmétique. Quels étaient les objectifs de cet événement et quel bilan peut-on en tirer ?

Julien Kaibeck - Les deux principaux objectifs de ce rassemblement étaient, d’une part, de présenter à la presse professionnelle notre dernière étude sur le marketing cosmétique réalisée en partenariat avec Xerfi Specific, et d’autre part, de réunir nos membres autour de conférences animées par des experts tels qu’une écotoxicologue, un acteur du sourcing responsable des ingrédients, un représentant de l’association Cosmed…

Nous avons accueilli une dizaine de journalistes, une cinquantaine de membres, et même cinq personnes issues d’entreprises non-membres. Les retours ont été excellents. C’est pourquoi nous envisageons de renouveler l’événement l’année prochaine.

Premium Beauty News - Quelles conclusions peut-on tirer de cette étude sur le rapport des Françaises au marketing cosmétique ?

Julien Kaibeck - Les résultats de cette enquête ont révélé un rapport ambigu entre les Françaises et le marketing cosmétique (voir notre article : « Les Françaises et le marketing cosmétique, une relation ambivalente », NDLR). Notre constat est clair : les marques cosmétiques doivent prendre en compte l’impact de leur communication. Il est primordial de privilégier davantage d’honnêteté et de bienveillance dans le marketing cosmétique. C’est inacceptable qu’un secteur censé apporter confort et plaisir génère méfiance ou anxiété pour vendre plus, et notamment chez les jeunes. Nous réalisons actuellement une campagne de communication sur les réseaux sociaux qui, je l’espère, fera un maximum de bruit.

À travers cette étude, l’association Slow Cosmétique vise à apporter une dimension philosophique à la cosmétique et à souligner qu’une part du public recherche des produits porteurs de sens et un marketing sincère. De plus, cela met en lumière la pertinence de notre association après dix ans. Elle répond aux attentes d’une partie du public en portant notamment un regard critique – et nous sommes les seuls aujourd’hui - sur le marketing, avec des critères d’analyse uniques portant sur l’honnêteté des allégations et le rapport qualité-prix.

Enfin, notre ambition est de réaliser prochainement une nouvelle étude sur les jeunes et leur perception des messages marketing, notamment à travers les réseaux sociaux.

Premium Beauty News - Comment envisagez-vous l’avenir du mouvement Slow Cosmétique et, de manière plus générale, du marché des cosmétiques naturels et biologiques ?

Julien Kaibeck - Nous sommes un label challenger dans l’industrie de la beauté, et nous sommes conscients que notre approche ne convient pas à toutes les marques. Nous sommes actuellement en phase de consolidation à la suite des années difficiles dues à la pandémie de Covid-19, qui ont affecté nos membres. Avant la pandémie, le segment de la Slow Cosmétique affichait une croissance d’environ +14%. Entre 2020 et 2022, nous avons observé des performances proches de zéro, voire négatives, mais cela s’améliore progressivement. En 2024, nous prévoyons une croissance de l’ordre de +3% à +4%.

Cette tendance devrait se poursuivre en 2025 et 2026, comme l’a confirmé Jérémy Robiolle, directeur du développement de l’institut Xerfi, le 28 mars dernier.

Il a conclu sa présentation par une analyse très encourageante du secteur bio et naturel, prévoyant un magnifique rebond à partir de cette année. Ce secteur semble avoir un bel avenir devant lui, grâce à plusieurs moteurs structurels puissants qui le soutiennent. Parmi eux, on compte la priorité accordée par les consommateurs aux cosmétiques respectueux de l’environnement et de la santé, le développement de l’offre dans un nombre croissant de canaux de distribution, la multiplication des innovations sur le marché, et la tendance de fond en faveur du bio et du naturel qui n’est pas près de ralentir.