Cette édition a confirmé l’intérêt pour les ingrédients écoresponsables et pour les nouvelles notes gourmandes. Deux tendances bien ancrées, qui ont encore de beaux jours devant elle. Mais d’autres temps forts ont marqué l’événement. Premium Beauty News vous propose un bilan en cinq points.

Des ingrédients plus vertueux pour la planète

Extraction au CO₂ supercritique, upcycling, biotechnologies : ces procédés plus respectueux de l’environnement s’imposent peu à peu comme des standards. Plus propres que l’extraction à l’hexane, les extractions au CO2 supercritique tendent à devenir la norme. Pionnier de cette technique depuis 1992, dsm-firmenich l’a mise à profit pour créer un encens qui se révèle plus vibrant et minéral.

Robertet a mis en lumière son savoir-faire en matière de durabilité – CO₂ supercritique, Clean R Scent, et upcycling – dans une gamme de six ingrédients. Parmi eux, un extrait d’artemise issu de l’upcycling des résidus de fabrication de vaccins contre la malaria. Mais aussi une extraction d’eau de vie au CO₂ supercritique, à partir de la lie des fûts de cognac, aux accents ambrette, fruités, et liquoreux, inédite dans la palette et très en phase avec les tendances olfactives.

De son côté, Takasago continue de capitaliser sur le Prix Nobel décerné en 2001 à Ryoji Noyori pour ses travaux sur les réactions catalysées par chiralité. L’entreprise utilise la chimie blanche et la chimie verte pour créer des ingrédients d’origine naturelle, 100% biodégradables et renouvelables : l’image du Biomuguet, du Biocyclamol, de l’I-citronnellol et de l’Hedirosa, quatre notes florales fraîches présentées sur le salon. Le biocyclamol et le biomuguet sont obtenus à l’aide de la canne à sucre, les deux autres sont issus de l’huile de pin.

Des matières transversales qui propulsent le sillage

“Blooming”, “verticalité” : ces termes omniprésents sur le salon traduisent la quête d’intensité et de sillages impactants. À cette fin, les maisons de composition retravaillent des notes de fond pour qu’elles gagnent en amplitude, à l’instar du beau vétiver d’Haïti de la Collection Signature de Givaudan. Allégé de ses facettes lourdes et terreuses grâce à une distillation moléculaire, il se révèle plus frais et aérien, structurant la fragrance du sommet à la base.

Toujours aussi présents, les bois ambrés témoignent de cette tendance, à l’image de l’Ambrostar, molécule boisée sèche, dont la puissance est perceptible dès l’envolée du parfum, récemment mis sur le marché par Symrise. Ciseler un sillage intense passe aussi par l’amplification de l’effet fusant des notes de tête. Robertet renouvelle ainsi la palette des agrumes avec l’huile essentielle de combawa, dont la tenue s’étire jusqu’en cœur.

Chez Takasago, le Biomuguet et le Biocyclamol insufflent au muguet une fraîcheur ozonique vibrante et linéaire. Un duo idéal pour booster le volume et la tenue des accords floraux. L’Hedirosa rehausse l’éclat des notes de têtes (agrumes, notes fleuries) pour une meilleure diffusion.

Chez Mane, le Jungle Essence de rhum ou le musc Sublimolide, qui exaltent le sillage et la tenue d’un parfum, illustrent parfaitement cette tendance.

Vers plus de réalisme dans l’écriture

L’heure est à la naturalité. Les maisons de composition orientent ainsi la palette olfactive vers un rendu plus naturel, comme le gingembre frais fraction de Robertet, fruit d’une distillation moléculaire puis d’une extraction cœur pour gommer l’effet savonneux de la note et restituer la sensation de l’épice fraîchement coupée.

Cette exigence transparaît aussi dans les avancées biotechnologiques de Takasago. La synergie d’ingrédients tels que le Biomuguet et le Biocyclamol, offre plus de transparence aux notes florales ozoniques. L’i-citronellol gorge quant à lui les accords floraux d’une envolée rosée, d’une pureté lumineuse.

Chez Mane, l’Antillone, une molécule aux accents de poire et d’ananas issue de la biotechnologie, épouse la tendance des fruits tropicaux avec un rendu juteux et charnu. Elle se prête aussi aux accords floraux qu’elle habille d’une facette végétale. Les E-Pure Jungle Essence, obtenus par enfleurage et extraction au CO₂, permettent de s’approcher au plus près de la fleur à l’état naturel, délestée des artefacts des solvants traditionnels. Dévoilé sur le salon, l’E-Pure Jungle Essence Red Champaca apparaît ainsi moins animal qu’un absolu classique.

De nouveaux captifs disponibles sur le marché

Le succès des bois ambrés, du oud et, à l’opposé du spectre olfactif, des floraux fruités, incite les maisons de composition libérer des captifs en phase avec ces tendances.

Jusqu’ici exclusif à Symrise, l’Ambrostar offre une alternative impactante à d’autres bois ambrés. Ingrédient stable, au rendu boisé-sec, aux nuances minérales et animales, il s’accorde parfaitement aux notes gourmandes et boisées.

Conçu au début des années 2000 chez Mane, l’Antillone est désormais libérée. Un choix lié à la vague des accords floraux et fruités, que cette molécule habille d’un rendu réaliste. Issue de la biotechnologie, l’Antillone permet en outre aux marques de revendiquer du naturel dans leurs formules.

Vers de nouveaux horizons gourmands

Capua 1880 a fait sensation avec une belle noisette d’origine naturelle. Connu pour ses agrumes, le producteur italien a dévoilé la collection NatInfuse (noisette, iris, jasmin, café…), issue d’une technologie innovante, qui consiste en une infusion prolongée sous pression dans l’éthanol pour capturer les molécules aromatiques. Plus propre, ce procédé au coût avantageux offre un rendu très réaliste et renouvelle la palette naturelle, puisque la noisette relevait jusqu’ici de la synthèse.

La société indépendante Biolandes, qui célèbre ses 45 ans cette année, a bâti son modèle sur un procédé de distillation spécifique, initialement développé pour valoriser les coproduits du pin canadien et appliqué, depuis, à une large palette de matières premières. Pionnier discret mais constant de l’upcycling, Biolandes continue d’explorer des voies inédites, à l’image de deux ingrédients made in France : l’extrait de champignon de Paris et l’absolue de Mélilot. Le premier, issu de champignons secs cultivés dans les Pyrénées-Atlantiques, surprend par ses facettes gourmandes et salées, à l’effet “foie gras”. Fruit d’un nouveau procédé de double extraction liquide-liquide, sa texture appétente permet, par exemple, d’adoucir une note cuir. L’absolue de mélilot, obtenue par extraction d’une plante traditionnelle des jardins, est cultivée en région lyonnaise. Elle déploie une signature alléchante, aux tonalités de pain d’épices, avec des inflexions coumarinées.