Loïc Armand

Premium Beauty News - Quelle est votre vision de l’évolution du marché des cosmétiques ?

Loïc Armand - C’est une vision extrêmement optimiste. Le marché des cosmétiques est le seul qui a traversé la crise sans ciller. Nous répondons à des besoins fondamentaux, tout en proposant des produits accessibles.

Au niveau mondial, notre industrie est portée par la hausse du pouvoir d’achat des classes moyennes avec dès aujourd’hui un potentiel de croissance important en Amérique latine, en Inde et en Asie du Sud. Pour demain, nous anticipons une très forte croissance de la demande pour nos produits en Afrique, qui est vraiment la nouvelle frontière de l’industrie. C’est sur ce continent que les marchés du futur sont en cours de formation.

En ce qui concerne l’Europe, la tendance est positive en dépit de variations conjoncturelles. L’Europe demeure, de loin, le premier marché mondial. En 2016, la croissance de l’industrie des cosmétiques hors Royaume-Uni a été de 1,2%, même si la tourmente monétaire qui a suivi le vote sur le Brexit nous a obligés à ramener ce taux à +0,8%.

Premium Beauty News - Précisément, quelle va être l’incidence du Brexit pour l’industrie européenne ?

Loïc Armand - L’industrie européenne ne peut pas être indifférente aux questions qui ont émergé sur l’avenir de l’Europe. Mais si le Brexit est un sujet important, qu’il faudra traiter, ce n’est pas un défi majeur. Le vrai sujet aurait été le Frexit, la sortie de la France de l’Union européenne, ou de la zone euro. De ce point de vue, le résultat des récentes élections françaises nous a rendu nettement plus optimistes. Les Français ont élu l’exécutif et le parlement les plus europhiles que le pays a jamais eu.

Le retour d’une croissance économique dynamique devrait permettre de répondre aux attentes des citoyens en matière d’emplois. L’Europe doit par ailleurs veiller à apporter des réponses satisfaisantes au besoin de sécurité.

Premium Beauty News - Le Royaume-Uni s’apprête tout de même à s’affranchir d’une partie de la réglementation européenne ?

Loïc Armand - Nous verrons ce qu’il en sera réellement. De nos jours, il est de bon ton de critiquer la réglementation européenne. Bien sûr, celle-ci n’est pas parfaite, mais nous pensons qu’elle est la plus protectrice pour les consommateurs et l’environnement, tout en laissant aux entreprises la capacité d’innover.

Depuis la première directive européenne venue réguler notre activité en 1976, notre industrie a beaucoup échangé avec les autorités sur ces questions. La réglementation européenne des cosmétiques est devenue un point de repère pour de nombreux pays.

De notre côté, nous nous efforçons de favoriser la convergence mondiale autour de ses grands principes : responsabilité du metteur sur le marché, évaluation du risque, distinction entre risque et danger, etc. Nous avons récemment enregistré plusieurs succès de ce point de vue. C’est ainsi que la nouvelle réglementation chinoise reprend les principes des meilleurs pratiques règlementaires pour l’essentiel... C’est le fruit de 6 ans d’échanges et de dialogue avec les autorités locales. Autre exemple, l’Inde, qui encore récemment était un des rares pays à ne pas reconnaître la notion de traces inévitables de métaux lourds. Cette anomalie a été réglée par une modification de la loi fédérale indienne en décembre 2016 qui a repris les principes de la réglementation européenne.

Premium Beauty News - Pourtant les associations de consommateurs en Europe ont encore récemment critiqué la présence d’allergène ou de perturbateurs endocriniens présumés dans les cosmétiques en Europe.

Loïc Armand - Il y a encore beaucoup d’incompréhensions sur ces sujets. Les associations de consommateurs ne sont pas des adversaires et nous devons dialoguer avec elles. La différence entre le danger et le risque reste encore mal comprise. C’est un véritable enjeu pour nous.