La fabrication de packaging pour les produits de luxe n’a pas échappé à la vague de délocalisation qu’a connue l’industrie française depuis 25 ans. On le sait, l’industrie française ne représente aujourd’hui plus que 11% du PIB du pays contre 23% en Allemagne, alors que la France était au même niveau il y a 25 ans. Les raisons habituellement citées pour expliquer cette dégradation de la compétitivité des entreprises industrielles françaises sont : les coûts salariaux et les charges sociales, la fiscalité, les normes.

La personnalisation, le raccourcissement du « time to market » et l’engouement pour les petites séries de production différentes militent de plus en plus pour un rapprochement avec les lieux de production.

Face, notamment, à l’attractivité des coûts salariaux en Chine, la France n’a pas su organiser sa riposte industrielle.

La magie du « tout est possible »

Dans le secteur de la fabrication des emballages promotionnels, l’Asie a offert un vaste champ de possibles où la créativité des designers (européens) a pu pleinement s’exprimer. Le faible coût du travail a permis des productions manuelles ou semi- manuelles où le « tout est possible » a pu s’épanouir.

La possibilité de densifier l’usage du mix-matériaux avec des parachèvements de plus en plus audacieux a permis de magnifier les emballages. Les marques, clientes de ces fabrications, se sont félicitées de cette possibilité d’attirer les consommateurs avec des emballages de plus en plus attractifs et séduisants.

Retour de balancier

Dans les années 2010, une prise de conscience des désavantages de cette situation est cependant apparue :

 durée du transport maritime (40 jours),
 gestion des productions défectueuses quand il y en a avec la Chine,
 éloignement pour les démarrages de fabrication,
 etc.

Après la crise financière de 2008 et la montée du chômage en France, la création du label productif « Origine France Garantie » a trouvé tout son sens. Des initiatives similaires ont été prises dans d’autres pays européens et en Amérique du nord.

Dans ce contexte, les marques ont trouvé pertinent de privilégier, quand c’était possible, des productions françaises. L’impact en termes d’image auprès de leurs consommateurs était fort et les complications logistiques du fait de l’éloignement étaient résorbées avec des productions françaises.

La personnalisation, le raccourcissement du « time to market » et l’engouement pour les petites séries de production différentes militent de plus en plus pour un rapprochement avec les lieux de production. L’essor de l’impression numérique est venu d’autant plus légitimer cette tendance à la relocalisation.

Cette incitation va être renforcée par la demande de la génération des millennials, très sensibilisée au développement durable. Il va falloir compter sur leur prise de conscience prochaine que l’approvisionnement en fournitures depuis des pays lointains impacte négativement le bilan carbone des productions.

Reste le nerf de la guerre qui est le coût des productions françaises (et européennes) par rapport à celles de la Chine. Même si le coût de la main d’œuvre chinoise a augmenté, l’écart persiste. Ainsi, c’est le segment de l’ultra luxe qui devient plus que moteur. Pour satisfaire les exigences des marques du très haut de gamme, une production française, même si elle est manuelle, trouve toute sa signification et sa légitimité économique.

C’est alors, il faut le souhaiter, le renouveau de l’artisanat de luxe français qui va reconquérir sa place dans le packaging premium dans les années à venir.