Sandra Maguarian, MakeUp in

Chaque année, les salons professionnels réunissent des milliers de visiteurs et exposants à travers le monde. Malheureusement, depuis 2020, les salons sont en suspens, comment faites-vous face ?

Sandra Maguarian - Le secteur de l’événementiel est, certes, à l’arrêt depuis plus d’un an. Néanmoins, MakeUp in Shanghai a pu se tenir en juillet dernier en pleine pandémie, avec une croissance de plus de 20% du nombre de visiteurs, quel paradoxe !

Cette situation inédite a révélé le potentiel créatif de toute mon équipe. En seulement deux mois, elle a su mettre sur pied la plateforme interactive BeauteaMatch.com qui nous a permis de garder le lien avec la communauté.

De plus, nous avons la chance inouïe de faire partie du groupe Infopro-Digital qui, grâce à la diversité de son portefeuille, a pu nous soutenir et conserver nos emplois pour le bénéfice de toute une industrie. Je reste convaincue que les salons physiques sont les meilleurs apporteurs d’affaires pour les fournisseurs de la beauté.

Quel est le programme sur les mois à venir pour le réseau MakeUp in ?

Sandra Maguarian - Le deuxième semestre concentre la totalité de nos salons habituellement répartis sur une année. Les 7 et 8 juillet se tiendra le salon MakeUp in Shanghai, les 22 et 23 septembre MakeUp in NewYork, les 20 et 21 octobre MakeUp in Paris puis, 12 et 13 octobre Clean Beauty in London. Nous terminerons l’année avec l’extraordinaire MakeUp in Los Angeles les 9 et 10 décembre.

C’est beaucoup de travail préparatoire mais il y aura des nouveautés en termes d’animation avec de nouveaux espaces de travail et de convivialité, de communication digitale, etc. Nous ne perdons jamais de vue que nos exposants sont là pour mettre en valeur leur savoir-faire et toute notre énergie est mobilisée sur ce sujet.

Que représentent vos salons aux yeux des exposants et visiteurs professionnels ?

Sandra Maguarian - J’ai le sentiment qu’à bien des égards les salons MakeUp in - et bientôt Clean Beauty - sont un refuge créatif et une réponse experte dans un domaine exclusif au maquillage/soin. On retrouve l’esprit des salons du XVIIe siècle où l’on se rencontrait entre soi lié par un même centre d’intérêt.

À MakeUp in c’est pareil. Les exposants savent que seules les marques du secteur beauté les visiteront. C’est un entre soi bénéfique aux échanges commerciaux, sociologiques, culturels avec des expositions muséales, des conférences sur la couleur, sur le comportement des consommateurs ou, des ateliers créatifs. Par-dessus tout, c’est l’immense opportunité de faire des affaires.

Les salons MakeUp in sont une expérience pour toute la chaine de l’industrie, avec des interactions entre exposants également. C’est là que les marques découvrent les innovations beauté.

Comment êtes-vous parvenue à garder le contact avec vos visiteurs et exposants pendant la crise liée à la pandémie de Covid ?

Sandra Maguarian - En étant worldwide avec nos salons locaux, nous avons toujours eu des contacts très privilégiés avec nos exposants. Pourtant, ils sont d’industries variées allant des ingrédients au packaging, en passant par la formulation, mais ils forment tous une famille - la famille MakeUp in - dont nous prenons grand soin. La crise Covid n’a quasiment rien changé à la fréquence de nos communications. Nous avons créé la plateforme BeauteaMatch.com qui propose aux fournisseurs et aux marques de cosmétiques de garder le contact, de continuer à présenter des nouveautés, et fait la part belle à l’innovation et à l’information du secteur.

Vos rangs se sont élargis pour accueillir de nouveaux exposants « skincare » de quoi s’agit-il et quel lien avec le make-up ?

Sandra Maguarian - MakeUp in est une marque vivante qui s’adapte aux marchés et aux besoins. Lorsqu’il a fallu accompagner le marché brésilien nous sommes allés au Brésil. Pour la K-Beauté nous sommes allés à Séoul. Nous accompagnons l’émergence des indie brands à Los Angeles et ainsi de suite. Lorsqu’encore les responsables marketing des marques nous ont demandé d’élargir notre offre aux ingrédients, nous l’avons fait. Aujourd’hui nous assistons à une prise de pouvoir de l’hybridation du maquillage et du soin. Avec des revendications toujours plus pointues telles qu’un mascara qui favorise la repousse des cils, un rouge à lèvres hydratant… L’hybridation est née de la de la BB crème. Donc oui, les salons MakeUp in s’adressent - et ce depuis plusieurs années déjà - aussi bien aux marques de soin que de maquillage.

Vous lancez prochainement un nouveau salon à Londres, « Clean beauty ». À qui ce salon est-il destiné ?

Sandra Maguarian - Là encore, notre écoute du marché démontre tout son pouvoir puisque depuis deux ans le mouvement « clean beauty » - cosmétique responsable, non toxique pour les humains et la nature - est en pleine explosion. C’est à ce moment-là que le besoin de consacrer un événement à ces produits s’est fait ressentir. Le décalage du lancement, à cause de la pandémie, nous a permis de peaufiner le concept et faire la part belle à l’innovation dans ce domaine. Nos exposants seront les fournisseurs des marques de beauté en skincare, haircare, makeup, hygiène, etc. qui rencontreront les marques « clean beauty » d’aujourd’hui et de demain.

Comment pressentez-vous 2022 ?

Sandra Maguarian - Je suis extrêmement positive pour 2022. Le besoin de nous libérer de nos chaînes sera tel, qu’il y aura un boom des achats de cosmétiques. On pourra enfin se voir et effacer les traces des images déformantes des conversations vidéo ! Grâce à la recherche et à l’innovation, l’industrie cosmétique ne se résigne jamais et anticipe les tendances, besoins et attentes des consommateurs en matière de diversité ou de performance. Par conséquent, je prédis des jours heureux pour l’industrie de la cosmétique et ses acteurs tout en conservant à cœur la santé de chacun notamment sur nos salons.