Lush disposait déjà d’une installation de type Green Hub depuis 2015. Mais considérant que ce type d’infrastructure dédié à la gestion des déchets serait idéal au cœur même des activités de l’entreprise, celle-ci a investi 2,3 millions de livres sterling dans son déménagement et sa réinstallation dans de nouveaux locaux de plus de 3700 mètres carrés dans le Business Park Fleets Corner, à Poole, dans le Dorset. Avec un bâtiment trois fois plus grand que le précédent, le Green Hub dispose de capacités nouvelles pour traiter les déchets liés aux activités de la marque.

Le nouveau Green Hub doit notamment effectuer la granulation du plastique dans le cadre du programme de recyclage Bring it Back de la marque, traiter les eaux usées issues des processus de fabrication, réparer des machines pour éviter d’en acheter de nouvelles, et faire don de produits et d’articles excédentaires à des organismes et groupes de bienfaisance locaux et nationaux.

Écologiste de la première heure

La marque co-fondée en 1995 et dirigée par Mark Constantine se revendique écologiste de la première heure. Mais l’entreprise se refuse toutefois aux labels bio ou autres certifications de son plan de transition climatique.

L’entreprise vend deux tiers de produits secs pour limiter les contenants en plastique, dont des boules de bain, le savon et du henné en barre. Mais Mark Constantine n’a pas d’états d’âme à dire que Lush commercialise aussi des bouteilles plastique de gel douche - recyclées - et autres produits emballés.

« L’environnement est très important pour nous, mais nous ne sommes pas idiots. Je ne pense pas que les gens qui achètent chez nous le font avant tout pour l’environnement. Ils veulent d’abord un produit qui marche », résume-t-il.

Le groupe n’a pas de projet de vendre en vrac gels douches ou shampoings mais les clients sont incités par un petit rabais à rapporter leurs pots usagés pour qu’ils soient recyclés.

Lignes rouges

Mais Mark Constantine se fixe des lignes rouges, comme mettre des pompes dans ses flacons de gel douche : les ressorts en métal les rendent impossibles à recycler, explique-t-il, en arpentant une boutique témoin de son centre d’innovation décorée d’un mur de boules de bains colorées, de barres de savon à la coupe imitant des fruits, et d’étals façon épicerie.

La marque est saluée par les sites Ethical Consumer et Bettergoods.org pour son engagement de la première heure contre les tests sur les animaux. Mais elle est critiquée pour le recours à des ingrédients synthétiques controversés, l’utilisation de dérivés d’huile de palme et son manque de bilan carbone crédible.

Le groupe dit ne plus utiliser d’huile de palme brute et chercher activement des alternatives pour éliminer ses dérivés.

Ruth Andrade, responsable des efforts du groupe en faveur de l’environnement, met en avant une « liste de tâches climatiques » à réaliser avant 2030, comme s’assurer que la chaîne d’approvisionnement ne génère pas de déforestation, remplacer les énergies fossiles par de l’électricité et s’orienter vers les renouvelables ou rendre tous les matériels « régénératifs et circulaires ». Mme Andrade affirme qu’une très grande majorité du plastique et carton utilisé chez Lush est déjà recyclé, recyclable ou peut être retourné en magasin. Le groupe veut aussi diminuer son empreinte carbone en favorisant des modes de transport les moins polluants.

Société indépendante

Lush, qui compte 14.500 employés, défend férocement son indépendance. La société, fondée par six amis, reste détenue par seulement neuf actionnaires, dont un trust d’employés qui possède 10%.

Mark Constantine dit toujours vivre à Poole, où le groupe est un employeur local important dans une région qui - à son grand dam - a voté en faveur du Brexit.

Le groupe a vu son chiffre d’affaires baisser légèrement, à 408 millions de livres, en 2020/2021, derniers résultats publiés, les comptes de l’exercice suivant étant retardés par l’intégration d’une entreprise nord-américaine affiliée.

Lorsqu’il évoque ses ventes en baisse en Europe, notamment en France et en Allemagne, il l’attribue en partie à la sortie de l’UE, plus qu’à l’inflation, même si Lush a augmenté ses prix en ligne avec la flambée des prix, qui atteint 10% au Royaume-Uni.

Selon lui, même si vous réduisez vos dépenses, « vous pouvez quand même prendre un bain ». Le dirigeant de 70 ans est confiant dans le fait que l’envolée des prix va se tarir rapidement, juste à temps pour Noël et le déploiement de nouveaux magasins de plusieurs étages.