Depuis la crise sanitaire, les notes florales ont le vent en poupe. Les marques misent sur leurs tonalités joyeuses pour nous faire voir la vie en rose. Notamment les fleurs blanches, dont l’éclat solaire est un antidote à la morosité. Une tendance toujours très actuelle, puisque de nombreux lancements ont mis le jasmin à l’honneur sur le salon. À l’image de Jasmin de Toscane, signé Jean-Christophe Hérault pour Jacques Fath, où il se révèle rond, sensuel, habillé de notes amandées, twisté d’une touche de noisette. Le jasmin s’invite aussi chez The Different Company, pour un prochain lancement dont le nom demeure encore secret, annoncé comme un hommage à cette petite fleur blanche, dont le parfum se fait plus enivrant à la tombée de la nuit. Les fleurs blanches, (ylang-ylang, jasmin), esquissent aussi l’accord gardénia de Blanc de Chine, signé Patrice Revillard pour Parfumeurs du Monde, à découvrir dans les mois à venir.

Les sillages musqués, santalés, lactés, au souffle réconfortant, qui ont émergé après la crise sanitaire, sont toujours très présents. À l’instar de Musc Pallas, le nouveau Jovoy, délicat et aérien, qui se dessine entre la douceur poudrée de l’ambrette et de l’iris, la rondeur de la fève tonka, sur un lit de muscs vaporeux. Les nuances crémeuses, lactées, sont devenues incontournables : on les retrouve en filigrane dans de nombreux lancements, texturant un accord café (Fanfarone Italiano, signée Karine Dubreuil-Sereni pour State of Mind), ou esquissant des facettes noix de coco (Un été, de Meabh McCurtin pour la marque Obvious). Elles se mêlent aussi aux accords matcha et autres notes thés pour évoquer des effets de chaï latte.

Les accords de thé semblent être, d’ailleurs, une tendance émergente, témoignant aussi bien d’une quête de bien-être que de l’essor du marché asiatique. L’accord matcha se cache ainsi au cœur d’Un été chez Obvious. Le thé Oolong embaume Milky Dragon d’Isabelle Larignon, associé à des notes lactées, fruitées et épicées. Chez Olfactive Studio, c’est le thé Lapsang Souchong qui s’invite dans la collection Sepia avec Smoky Soul. Signé Marc-Antoine Corticchiato, la fragrance s’habille d’osmanthus, de jasmin sambac, de patchouli et d’absolue d’algue.

L’osmanthus s’est aussi fait remarquer sur le salon. Outre Smoky Soul, cette petite fleur de Chine aux accents abricotés et cuirés, a par exemple inspiré Osmanthe Liu Yuan, chez Le Jardin Retrouvé. Une partition délicate, où les tonalités fruitées de la fleur sont rehaussées de mandarine, adoucies d’iris, sur un fond de daim et de muscs. Une matière qui, elle aussi, illustre l’intérêt de la parfumerie de niche pour la Chine.

Depuis quelques années, les notes gourmandes évoluent vers un terrain gustatif, moins ouvertement “sucré”. Toujours très en vogue, les accords café se révèlent sous un jour onctueux, texturés de notes ambrées et liquoreuses chez State Of Mind avec Fanfarone Italiano. Pour Nicolaï, le café épouse des tonalités boisées, ambrées et sèches dans un registre tout aussi dense, mais plus sombre, avec Caravansérail Intense. Notons aussi que la parfumerie continue d’explorer de nouveaux accords gustatifs autour des céréales, du riz ou des arachides. À l’image du tout nouveau Frapin, Attendre et Espérer, où le vétiver côtoie des notes cacahuètes, rafraîchi de gingembre, pour souffler le chaud et le froid. On pense aussi à Zazen de Robert Piguet, une création très facettée autour d’un accord « vapeur de riz ».

De manière générale, les lancements repérés depuis l’an dernier à Esxence cultivent des accords moins pointus, polarisants, pour épouser un registre feel good plus confortable. L’origine des marques se diversifie aussi à travers des créations venues de Singapour, d’Ukraine, de Roumanie, de Croatie, du Japon…

Enfin, notons, que si les problématiques écologiques sont omniprésentes, de nouvelles griffes tentent de fonder leur identité sur une démarche durable. À l’instar de Nissaba, créée par Sébastien Tissot, qui a longtemps œuvré auprès de Dominique Roques pour le sourcing responsable des ingrédients naturels chez Firmenich. La marque est très investie dans le soutien aux jeunes issus des communautés productrices de plantes à parfum. Elle valorise, en outre, leur savoir-faire puisqu’elle met en flacon les terroirs olfactifs des pays producteurs d’ingrédients de la parfumerie. Chaque parfum de la marque se compose des matières iconiques d’une région, pour en restituer l’ambiance olfactive. Un brief original pour les parfumeurs.

À l’image du marché mondial du parfum, le monde de la niche poursuit donc son ouverture et sa diversification. Rendez-vous l’an prochain à Esxence.