Depuis 2011, l’essor du tourisme international et la hausse des dépenses des visiteurs des pays émergents ont profité au marché du luxe en Europe, stimulant ainsi l’ouverture de nouvelles boutiques de produits luxe estime Cushman & Wakefield, cabinet de conseil international en immobilier d’entreprise.

En effet, en dépit de son expansion internationale, l’industrie du luxe dépend aussi des achats réalisés par les consommateurs des pays émergents à l’étranger. L’Europe, qui a capté la moitié des arrivées de touristes internationaux en 2012 demeure ainsi l’un des principaux débouchés du secteur.

«  En 2012, de nombreux projets de nouvelles boutiques, d’extensions ou de rénovations ont animé les grandes destinations européennes du luxe, à l’exemple du nouveau flagship de Tom Ford sur Sloane Street à Londres, du nouveau flagship Prada dans la Galleria Vittorio Emanuele II ou de la restructuration de la boutique Cartier Via Montenapoleone à Milan, ou encore de la nouvelle boutique Chanel sur la Piazza di Spagna à Rome  » explique Pierre Raynal, directeur du département Commerces de Cushman & Wakefield France.

Paris, destination privilégiée des marques de luxe

Berceau des maisons de couture les plus prestigieuses et première destination touristique mondiale avec Londres, Paris, où le nombre d’hôtels de grand luxe grimpe en flèche, n’a pas échappé à cette effervescence.

L’expansion des grands groupes (LVMH, Richemont, etc.) et les ambitions de nouveaux acteurs (Qela, etc.) ont fortement accru l’appétit des enseignes pour les meilleurs emplacements de l’Hexagone. Selon et ont selon Cushman & Wakefield, les valeurs locatives prime ont logiquement poursuivi leur progression en 2012, dépassant ponctuellement le seuil symbolique des 10 000 €/m²/an (Zone A).

Paris, Place Vendôme - © Premium Beauty Media

Cette évolution ne s’est pas traduite par un bouleversement des « fondamentaux » du marché du luxe. «  Le secteur du luxe est en plein boom mais cette effervescence ne donne pas lieu, pour autant, à une recomposition profonde de la géographie du luxe à Paris ou dans l’Hexagone. Peu d’artères peuvent de fait prétendre attirer les enseignes les plus prestigieuses,  » selon Pierre Raynal.

Ralentissement temporaire

Toutefois, le marché du luxe pourrait marquer une pause dans les prochains mois. « Il est fort probable que le bouillonnement observé au cours des deux ou trois dernières années ne se prolongera pas, au moins à court-terme, de nombreuses enseignes ayant récemment adopté un rythme de développement plus mesuré » selon Pierre Raynal.

Cette évolution ne se limitera pas au marché parisien. Ainsi, plusieurs enseignes ont récemment annoncé vouloir ralentir leur expansion internationale et donner, pour certaines, la priorité à la rénovation et à l’extension de leurs magasins existants (Gucci, Chanel, Valentino).

Cushman & Wakefield considère toutefois que ce ralentissement ne devrait être que temporaire. L’augmentation continue du nombre de millionnaires et la très forte expansion de la classe moyenne des pays émergents laissent de fait entrevoir un potentiel de consommation encore considérable.

Capitale du pays le plus visité au monde, Paris continuera de figurer en bonne place dans les stratégies d’expansion des grands groupes du luxe, mais cette tendance ne devrait pas démentir le développement très ciblé, et très restreint géographiquement, de la grande majorité des acteurs du luxe. « En dépit de la forte pénurie d’offres dans les artères les plus prestigieuses de la capitale, il est peu probable de voir émerger de nouveaux quartiers du luxe à l’exception, peut-être, du Marais qui possède pour cela de sérieux atouts,  » conclut Pierre Raynal.