Si l’air du large soutient vigoureusement le développement de la cosmétique marine, notamment grâce au développement de nouveaux actifs ultra-performants et à une recherche soutenue, la brise pourrait s’intensifier et les vents devenir encore plus porteurs. En aval en effet, de nouveaux marchés s’ouvrent et les circuits de distribution se réorganisent.

Diversification de la demande

Aux côtés de l’Asie culturellement favorable aux effets bénéfiques des algues et autres planctons naturels, et pas seulement au Japon, beaucoup de pays s’intéressent de plus en plus aux bienfaits de la mer, y compris lorsqu’ils sont proposés sous forme de crèmes de soin. La revendication naturelle demeure l’une des clés d’entrée, notamment sur les marchés du Brésil et de la Chine. En Russie, c’est plutôt la promesse d’efficacité rapide des produits qui séduit.

Pour les acteurs français, l’origine du label France et l’expertise historique en thalassothérapie font la différence. Thalgo enregistre ses plus fortes croissances à l’export. Grâce au développement de ses spas et day-spas, la marque est aujourd’hui présente dans 90 pays. De son côté, Phytomer connaît depuis deux ans une croissance à deux chiffres et réalise 75 % de son chiffre d’affaires à l’export avec une présence dans 80 pays.

Le circuit professionnel des instituts de beauté et des centres de thalassothérapie reste en France le principal réseau d’approche des consommatrices. « Parce que la cosmétique marine n’est pas forcément le premier choix, il y a une notion de découverte des bienfaits,  » résume Stéphanie Leclere, de la marque Bio Carnac.

Mais les circuits de distribution pourraient néanmoins se nuancer pour atteindre les rayons du sélectif encore peu étoffés dans ce domaine. « La cosmétique marine serait porteuse bien au delà du circuit professionnel et elle aurait toute sa place en sélectif car elle propose quelque chose de différent,  » confie-t-on chez Daniel Jouvance. Soumise à l’érosion de la vente à distance, son circuit historique, la marque envisage de s’orienter vers le retail. Même son de cloche chez Algotherm. « Même si le rapport avec la consommatrice est plus proche en instituts, nous nous ouvrons petit à petit aux pharmacies et parapharmacies, » souligne Angélique Labbé, chef de produits développement Algotherm.

Un effort de communication

Tout en s’appuyant sur sa différence la cosmétique marine doit pouvoir la valoriser au mieux. Si elle bénéficie d’un préjugé favorable, elle reste toutefois encore largement mal connue. « Abymes profonds, dessèchement de la peau, par différents aspects la mer effraie tout autant qu’elle attire. C’est à nous d’expliquer et de rassurer, de créer le discours qui va emporter et nous démarquer  » assure Laure Courpotin, Directrice Marketing de la marque Daniel Jouvance. «  À nous de donner par exemple à nos micro-algues un côté plus ‘glamour’ ». Et c’est précisément le travail auquel s’emploie la marque bretonne qui, à la demande de ses clientes, s’efforce maintenant de donner formes et couleurs à ces micro-éléments dans ses supports de communication.

Autre facteur de réticence, la qualité des eaux océaniques et par conséquence des ingrédients qui en sont issus. C’est une inquiétude nouvelle, née des rejets massifs de polluants de toute nature qui ont pu être effectués tout autour du globe.

Aujourd’hui, les fabricants multiplient les engagements sur un sourcing méticuleux, à même de garantir des matières premières prélevées - ou élevées - dans les eaux les plus pures. Chez Thalgo, par ailleurs engagé dans le respect et la protection de l’environnement, les actifs sont sourcés en fonction d’un repérage de zones pertinentes et sélectionnés pour leur qualité. Bio Carnac et Algotherm puisent en Mer d’Iroise, réserve mondiale de biosphère labellisée par l’Unesco, où de forts courants favorisent une importante concentration en ions et minéraux. Phytomer, comme Daniel Jouvance, portent leurs efforts sur la culture des micro-organismes marins. «  Nous parvenons à faire travailler les micro-organismes pour qu’en condition de laboratoire ils reproduisent leurs molécules actives, le tout avec des méthodes vertes, » explique Mathilde Lagarde chez Phytomer.

Et au delà de la qualité de ses matières premières, la cosmétique marine s’engage aussi de plus en plus sur son souci de l’environnement. Dernier exemple en date, Algosun, la toute dernière gamme solaire d’Algotherm, qui veille à protéger la peau sans abîmer les écosystèmes océaniques. Selon la marque, 25 000 tonnes de crèmes solaires sont déversées chaque année dans les océans, menaçant le récif corallien et les espèces marines. Pour sensibiliser le grand public à la toxicité des produits solaires, Algotherm a développé un partenariat avec le magazine Thalassa et répond par une ligne exclusive formulée « Ocean respect » et garantie non nuisible pour l’environnement marin.

Formulation, distribution, communication, la beauté de la mer émet des signaux prometteurs.