Nos poissons sont de plus en plus menacés par les microplastiques qui polluent les mers, les lacs et les océans. Parue dans le Journal of Hazardous Materials [1], cette nouvelle recherche a été réalisée par des scientifiques de l’INRAE, de l’Ifremer, et des universités de Bordeaux, France, et d’Orebrö, en Suède.

L’étude s’est focalisée sur deux espèces de poisson : le "poisson zèbre" (Danio rerio), qui vit en eau douce et le medaka marin (Oryzias latipes) qui, comme son nom le suggère, habite en eau de mer. La santé de ces deux espèces de poisson a été examinée sur une période de quatre mois. L’objectif était de déterminer les effets néfastes de l’ingestion chronique de microparticules plastiques par ces poissons.

Polyéthylène et polychlorure de vinyle

Les chercheurs ont porté leur attention sur les microplastiques de polyéthylène (PE) et de polychlorure de vinyle (PVC), qui font partie des matériaux les plus répandus pour la fabrication d’emballages et d’objets en plastique. Les chercheurs ont constaté une réduction de taille et de poids de 20 à 35% chez les deux espèces de poissons, quel que soit le type de plastique ingéré.

« Ces effets sont bien plus importants au bout de quatre mois d’exposition qu’au bout de deux mois, ce qui souligne l’importance de mener des études à long terme pour évaluer la toxicité des microplastiques », notent les scientifiques qui remarquent aussi une réduction de croissance plus marquée chez les femelles, « probablement en raison de leurs besoins énergétiques plus élevés que ceux des mâles lors de la reproduction ».

Une capacité de reproduction diminuée de 50%

À long terme, l’ingestion de particules plastiques pourrait également faire chuter la reproduction de ces poissons jusqu’à 50%. Cette fois, ce risque varie sensiblement en fonction de la durée d’exposition, du type de plastique englouti, de la présence de polluants organiques associés et des espèces de poissons étudiées.

Chez le poisson zèbre, l’exposition combinée au PVC-BaP et au PVC-BP3 entraîne par exemple un retard dans le déclenchement de la ponte, tandis que l’exposition au PE-BP3 (ainsi qu’à tous les PVC), vierge ou portant des polluants conduit à une diminution du nombre de pontes.

Chez le medaka marin, l’exposition à presque tous les microplastiques induit un retard dans le déclenchement de la ponte et une diminution du nombre d’œufs produits par les femelles. L’exposition au PVC-BP3 provoque par ailleurs des troubles du comportement chez la progéniture au stade larvaire, indique l’étude.

« Ces résultats mettent en évidence des perturbations de croissance et de reproduction des poissons lors d’une exposition à long terme aux microplastiques, qui peuvent conduire à de graves dysfonctionnements écologiques (...) Comprendre les mécanismes sous-jacents aux perturbations biologiques induites permettra d’évaluer dans quelle mesure ces effets peuvent être généralisés à tous les types de microplastiques, afin par exemple de prioriser le contrôle des émissions », concluent les auteurs de l’étude.