Une trentaine de faux nombrils pour l’équivalent de 50 centimes d’euros ! Voilà ce que propose le bazar virtuel Pinduoduo, l’une des plus importantes plateformes de e-commerce en Chine, et qui semble faire le bonheur de milliers d’utilisatrices régulières des réseaux sociaux Douyin et Xiaohongshu, comme l’a récemment révélé le South China Morning Post. Ce phénomène, apparu en Chine, commence à se répandre sur des plateformes comme TikTok, montrant que les injonctions liées à l’image corporelle sont encore bien présentes dans le quotidien des femmes du monde entier.

Coller un faux nombril

Les vidéos mises en ligne sous les hashtags dédié à ces ’faux nombrils’, que ce soit sur Douyin ou Xiaohongshu, deux des plateformes sociales les plus populaires en Chine, montrent des jeunes femmes en train de découper puis de coller ce qui s’apparente à un tatouage éphémère, évoquant la forme d’un nombril, quelques centimètres au-dessus du véritable orifice. Lequel est dissimulé par un pantalon, une jupe, ou un short, tandis que le faux nombril est mis en valeur par un crop top. De l’avis des principales concernées, la finalité de ce stratagème est de créer une illusion d’optique.

À en croire les adeptes de cette méthode, un nombril rehaussé d’une dizaine de centimètres environ permet de remonter une jupe ou un pantalon de la même distance, et ainsi allonger les jambes et affiner la silhouette. En créer l’illusion, tout du moins. Sur Xiaohongshu, les vidéos sont agrémentées de légendes vantant les mérites d’une telle astuce. « Ce n’est pas un faux patch pour le nombril, c’est un outil pour agrandir vos jambes courtes ! », peut-on lire à côté de l’une d’entre elles. « Toutes les beautés ont deux nombrils ! Voici le secret pour allonger vos jambes ! », s’enthousiasme une autre utilisatrice. Notons qu’en plus de l’application du tatouage éphémère, certaines s’adonnent à une véritable séance de maquillage autour de la zone concernée pour rendre l’ensemble beaucoup plus harmonieux.

Pression sociale pour un ’corps parfait’

Si cette lubie pour les faux nombrils ne présente pas risque pour la santé physique, elle soulève toutefois des questions quant à la persistance de diktats liés à l’image corporelle, comme le fait, par exemple, d’assimiler les longues jambes à un standard de beauté à atteindre. Un parmi tant d’autres en réalité. Les fausses taches de rousseur, les faux seins, les fausses fesses, et même les faux nez comptent aujourd’hui parmi les ’gadgets’ qui pullulent sur les réseaux sociaux, lorsqu’il ne s’agit pas d’astuces maquillage destinées à affiner ou à lisser telle ou telle partie du visage, témoignant d’une volonté d’accéder à un certain idéal de beauté.

Ces tatouages éphémères s’apparentent finalement aux filtres qui font débat sur les réseaux sociaux, sources de stress et d’anxiété chez les plus jeunes générations, mais aussi de dysmorphophobie, cette propension à l’obsession pour un défaut imaginaire. Un phénomène qui accroit le stress et l’anxiété, et impacte l’estime de soi. « Je me demande comment ces femmes peuvent encore faire face à leur véritable silhouette après avoir retiré leurs faux nombrils, leur rembourrage pour la poitrine et les fesses, et tous les autres produits destinés à améliorer leur apparence », a déploré un internaute relayé par South China Morning Post.

Nombreuses sont les études qui ont suggéré que les réseaux sociaux, à travers les filtres et applications de retouche, pouvaient avoir un impact négatif sur la santé mentale des utilisateurs, notamment les plus jeunes. Un constat qui inquiète également les parents, partout dans le monde, au point que certains souhaiteraient aujourd’hui que les filtres de beauté soient soumis à une limite d’âge, voire tout simplement interdits.

Malgré l’émergence de nombreux mouvements en faveur de l’acceptation et de la mise en valeur de tous les types de corps, les injonctions liées à l’apparence et au ’corps parfait’, persistent et signent, témoignant de la nécessité d’agir pour en limiter les dérives et dangers.