Les esthéticiennes seront bientôt officiellement autorisées à pratiquer l’épilation par lumière pulsée, une décision dénoncée par les dermatologues qui jugent que l’utilisation de ces appareils par des non-médecins fait courir des risques aux patients. « Il ne faut pas laisser des actes médicaux entre les mains de personnes qui ne sont pas formées pour ça  », a déclaré à l’AFP Luc Sulimovic, président du Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV).

L’épilation par lumière pulsée, ou lampes flash, consiste à envoyer un faisceau concentré de lumière dont la chaleur détruit le bulbe du poil afin de le faire tomber. ©Tinatin1 / Istock.com

Jusqu’ici, la pratique de l’épilation était encadrée par un arrêté de 1962 qui prévoit que « tout mode d’épilation est un acte médical, sauf l’épilation à la pince ou à la cire » [1].

En pratique, depuis une dizaine d’années, de nombreux centres de beauté ont développé une offre d’épilation à la lumière pulsée, méthode censée freiner la repousse du poil à moyen, voire long terme.

Selon un projet d’arrêté consulté par l’AFP, le ministère de la Santé s’apprête à ajouter la « lumière pulsée intense  » aux techniques d’épilation autorisées hors des cabinets médicaux.

L’épilation par lumière pulsée, ou lampes flash, consiste à envoyer un faisceau concentré de lumière dont la chaleur détruit le bulbe du poil afin de le faire tomber. Les appareils utilisés professionnellement diffèrent de ceux vendus au grand public, dont la puissance est limitée à un niveau beaucoup plus faible. Ils se distinguent aussi de l’épilation au laser, qui envoie une lumière sur une seule longueur d’ondes et est pratiquée uniquement par les dermatologues.

Le SNDV attaque régulièrement en justice les instituts pratiquant l’épilation par lumière pulsée, y voyant un « exercice illégal de la médecine ». Plusieurs condamnations en ce sens ont été prononcées entre 2009 et 2016.

Alors que le ministère de la Santé veut désormais légaliser cette pratique, le syndicat s’insurge : « Les technologies fondées sur la lumière, qu’elles soient utilisées à des fins médicales ou esthétiques, ont des actions thérapeutiques en profondeur sur les cellules et les tissus », plaide-t-il. « À ce titre, un diagnostic doit être posé avant toute utilisation d’un appareil à rayonnement optique et doit rester dans un cadre médical  », ajoute le SNDV.

Selon le Dr Sulimovic, l’utilisation de cette technique en institut représente un risque de « retard de diagnostic », car un oeil « non médecin » ne sera pas à même de déceler un mélanome ou une hyperpilosité liée à une maladie endocrinienne. Il souligne également « les contradictions  » du texte que le ministère leur a soumis pour avis, puisque les infirmiers ne pourraient utiliser le dispositif que sous la supervision d’un médecin, en dépit de leur « formation médicale substantielle », ce qui n’est pas le cas des esthéticiennes.

Sollicitées par l’AFP, la Confédération nationale artisanale des instituts de beauté (CNAIB) et la Confédération nationale de l’esthétique parfumerie (CNEP) n’étaient pas joignables mercredi pour apporter un commentaire.

En 2016, la défense des enseignes de soins esthétiques condamnées par le tribunal correctionnel de Paris avait dénoncé les intérêts économiques des médecins, plus préoccupés selon elle par la défense d’un monopole lucratif que par des impératifs de santé.